L’anxiété et les enfants surdoués

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Avec la montée de l’anxiété, il est compréhensible que les parents s’inquiètent de la détresse de leurs enfants – après tout, c’est notre premier devoir de veiller à leur bien-être ! Les parents d’enfants surdoués et doublement exceptionnels (2e) ne seront pas surpris d’apprendre que le cerveau unique de leurs enfants présente également des difficultés en matière d’anxiété. Dans cet article, nous passerons en revue les principaux facteurs qui influencent l’anxiété chez les enfants précoces et en difficulté, et nous donnerons des conseils aux parents pour gérer l’anxiété à la maison.

Les élèves doués sont-ils plus susceptibles de ressentir de l’anxiété que leurs camarades neurotypiques ?

Pas exactement. Comme nous l’avons souligné dans d’autres articles, certaines recherches apportent deux réponses différentes à cette question. Certaines recherches soulignent le fait que la douance peut être un facteur de risque d’anxiété en raison de son statut atypique dans les écoles, tandis que d’autres mettent en évidence la résilience des enfants doués lorsqu’il s’agit de gérer des émotions difficiles. Cependant, le consensus semble être que, si les enfants surdoués ne sont ni plus ni moins susceptibles de souffrir d’anxiété que leurs pairs, la façon dont ils vivent l’anxiété est différente en raison de leurs caractéristiques uniques, que nous examinons plus en détail ci-dessous.

Il convient toutefois de noter que l’anxiété est en augmentation chez les enfants et les adolescents dans tout le pays. Dans le cadre de notre propre travail à l’Institut Davidson, nous avons également observé que le sujet de l’anxiété est plus fréquemment abordé dans les conversations avec les parents. Encore une fois, cela ne veut pas dire que les enfants doués sont plus anxieux, mais plutôt que les enfants doués, comme tous les enfants, réagissent à l’évolution du monde social, politique et technologique qui les entoure.

Quelles sont les caractéristiques de la douance qui influent sur l’anxiété ?

D’après notre expérience, il n’y a pas deux enfants doués qui se ressemblent, mais ils se retrouvent souvent dans certaines caractéristiques ou expériences de vie. La liste suivante n’est pas exhaustive, mais présente certains des traits les plus courants de la douance qui peuvent amplifier l’anxiété.

Traitement sensoriel exacerbé

Le traitement sensoriel est un terme générique qui se rapporte à la fois à la manière dont le monde physique est appréhendé par les sens (toucher, vue, goût, odorat, son) et à la manière dont nous réagissons à toutes les informations que nous recevons par nos sens. Les recherches ont montré que de nombreux élèves doués et doublement exceptionnels ont une sensibilité accrue au monde qui les entoure, ce qui peut être à la fois une force et un inconvénient. Leur « hyperconscience » du monde qui les entoure peut accroître leur inconfort physique face aux bruits forts, aux tissus qui grattent ou aux odeurs piquantes, créant ainsi une anxiété face à certains stimuli physiques.

Ce qui est peut-être plus surprenant, c’est que ce traitement sensoriel intensifié chez les enfants surdoués crée souvent des impressions plus fortes et plus vives des événements qui les entourent et peut être lié à un traitement émotionnel accru. Cela signifie que les enfants surdoués et les enfants en 2e année sont plus susceptibles d’avoir des réactions émotionnelles plus fortes à la fois aux expériences ordinaires et aux événements extraordinaires qui peuvent être présentés aux informations. Ces résultats ne sont pas universels pour tous les enfants surdoués et ne signifient pas non plus que les enfants surdoués souffrant de sensibilité sensorielle sont forcément anxieux. Cependant, les parents doivent être attentifs si leur enfant a souvent des crises de colère ou se replie sur lui-même, car le stress chronique sur son système nerveux peut être un facteur de risque d’anxiété.

Développement asynchrone

L’asynchronie est un terme fourre-tout dans le monde des surdoués. Il peut faire référence à un certain nombre de profils et de situations différents, mais décrit généralement le développement cognitif, physique, social et émotionnel inégal d’un enfant. L’asynchronie est considérée comme une caractéristique de la douance, car plus les capacités intellectuelles sont élevées, plus elles semblent désynchronisées par rapport au reste du développement normal de l’enfant. Si l’asynchronie peut se manifester dans toute une série de domaines, lorsqu’il s’agit d’enfants surdoués et d’anxiété, l’asynchronie peut jouer un rôle plus important dans les capacités d’adaptation émotionnelle.

Les enfants surdoués ont la capacité d’intellectualiser très tôt au-delà de leur âge, mais ils peuvent ne pas posséder la compréhension émotionnelle nécessaire pour faire face à des concepts plus importants comme la guerre, l’injustice et la mort. Dans le même ordre d’idées, la recherche sur le cerveau des enfants surdoués montre que les compétences de fonctionnement exécutif peuvent être retardées de plusieurs années chez les enfants surdoués. Bien que le fonctionnement exécutif soit plus souvent cité pour des questions telles que l’organisation, il a un effet important sur le développement socio-émotionnel et la régulation des émotions. Les jeunes enfants surdoués peuvent ne pas avoir les stratégies d’adaptation émotionnelle appropriées et l’expérience de vie nécessaire pour traiter les sujets les plus difficiles de la vie, ce qui peut jouer un rôle dans le développement de comportements anxieux.

Surexcitabilités/Intensifications

Le concept de Kazimierz Dabrowski de surexcitabilité est prédominant dans de nombreuses discussions sur la douance. Dabrowski a observé une plus grande intensité et/ou sensibilité chez les surdoués dans les cinq domaines suivants : psychomoteur, sensoriel, intellect, imagination et émotions. Tous les enfants ne font pas preuve d’intensité dans ces cinq domaines, mais il est compréhensible que les enfants surdoués qui ont tendance à avoir une imagination débordante, à trop analyser ou à trop empathiser soient plus susceptibles de souffrir d’anxiété. En particulier, les ENP qui se prêtent à une pensée catastrophique peuvent accroître le risque de trouble anxieux chez un enfant.

Perfectionnisme

Comme nous l’avons évoqué dans d’autres articles de notre blog, le perfectionnisme est une caractéristique répandue chez les enfants doués, même chez ceux qui obtiennent des résultats insuffisants. Les enfants doués qui sont conscients de leurs capacités ont souvent des exigences élevées envers eux-mêmes et envers ceux qui les entourent. De plus, les enseignants et les parents bien intentionnés peuvent involontairement renforcer ces attentes élevées. Cela peut créer un cycle de honte lorsqu’ils ne parviennent pas à atteindre leurs propres normes. Le perfectionnisme, à la base, découle d’un manque d’acceptation de soi et constitue un facteur de risque d’anxiété chronique.

Adaptation sociale et environnementale

Bien que l’adaptation socio-environnementale ne fasse pas partie des caractéristiques des surdoués, de nombreux enfants surdoués partagent des expériences similaires dans ces domaines. Les événements négatifs qui se produisent à l’école, comme les taquineries, peuvent contribuer à l’anxiété de tout enfant. Cependant, l’une des dimensions de l’expérience de la douance est que ces élèves se sentent souvent isolés de leurs camarades du même âge ou aliénés par leurs dons intellectuels dans la classe. Ils ont moins de chances de trouver un « vrai pair » qui partage leurs intérêts et ont l’impression de ne pas être à leur place dans la classe. Cette expérience chronique de l’aberration peut nuire à leur capacité à développer une image saine d’eux-mêmes et contribuer à l’anxiété sociale et généralisée.

De nombreux autres facteurs peuvent influencer la façon dont les élèves vivent l’anxiété, comme le fait d’être deux fois exceptionnel, d’être issu d’un milieu à faible revenu ou d’une minorité, et de vivre un événement traumatique.

Comment traiter l’anxiété chez les élèves doués ?

Normaliser l’anxiété

Il est parfois impossible d’éviter l’anxiété dans sa vie. La première étape consiste donc à reconnaître que l’anxiété est un élément normal de l’expérience humaine. Normaliser l’anxiété dans votre foyer peut aider les enfants (et les parents) à ne pas se sentir encore plus isolés par la honte de se sentir anxieux. Une façon de normaliser l’anxiété est de parler de vos expériences avec l’anxiété et de ce que vous avez fait pour les surmonter à ce moment-là : « J’étais vraiment anxieux avant mon évaluation annuelle au travail aujourd’hui, mais j’ai pris quelques grandes respirations et une petite marche juste avant la réunion, ce qui m’a aidé à me réinitialiser. » Dans cet exemple, le parent dit que l’anxiété lui arrive et que c’est un sujet de discussion sûr. Il explique également que les techniques de respiration et le fait d’aller prendre l’air sont des solutions pour aider une personne qui se sent anxieuse.

Connectez-vous les uns aux autres et au moment présent

Dans les moments de S.O.S., comme une crise d’angoisse, écoutez les préoccupations de votre enfant et faites-lui savoir que ses sentiments sont valables. Des recherches ont démontré que le fait d’exprimer ses craintes à voix haute peut aider à réduire les émotions négatives. S’il n’est pas capable d’exprimer ce qui a provoqué son anxiété à ce moment-là, essayez de le relier au moment présent et au monde physique qui l’entoure. Cela peut être particulièrement utile pour les enfants doués qui éprouvent des pensées profondes, accablantes ou existentielles le soir avant de se coucher. Demandez-leur de nommer 5 choses qu’ils peuvent voir, 4 choses qu’ils peuvent entendre, 3 choses qu’ils peuvent sentir, 2 choses qu’ils peuvent ressentir et 1 chose qu’ils peuvent goûter. Il existe également de nombreux exercices de respiration qui peuvent aider à réduire l’anxiété.

Gardez votre calme et corégulez

Gardez à l’esprit que lorsqu’une personne est anxieuse, son système nerveux est « en alerte » et son corps peut lui dire de se battre, de fuir ou de se figer. C’est pourquoi crier n’est jamais un moyen efficace de communiquer avec un enfant anxieux. Il peut être épuisant ou même alarmant pour le parent de faire face à ces situations, mais rester calme sera l’option la plus efficace pour aider un élève en détresse à reconnaître qu’il n’est pas en danger immédiat. En fait, l’anxiété des parents est un facteur prédictif important de l’anxiété des enfants, c’est pourquoi l’autogestion parentale et la modélisation des techniques d’auto-apaisement peuvent être un excellent moyen d’aborder la question de l’anxiété en famille, en particulier pour nos enfants doués de perspicacité qui ont tendance à capter tout ce qui se passe autour d’eux. Ce sera parfois difficile, mais le rôle du parent en tant que corégulateur est crucial pour aider les enfants à surmonter leur anxiété.

Couvrir l’essentiel

Une fois l’épisode d’anxiété aiguë passé, les parents voudront s’assurer que leur enfant dort suffisamment la nuit, qu’il fait de l’exercice ou de l’activité régulièrement chaque jour et qu’il a une alimentation saine. Cela ne résoudra pas tout, mais le maintien d’un corps sain et d’une routine hebdomadaire stable permettra de jeter les bases nécessaires pour répondre à toute autre préoccupation qui pourrait être exacerbée par des problèmes physiologiques comme l’insomnie ou la malnutrition. Outre les besoins physiques, le fait de s’occuper du sentiment d’appartenance de l’enfant est un autre moyen de jeter des bases saines pour qu’il puisse surmonter positivement les sentiments d’anxiété lorsqu’ils se manifestent. Le service communautaire, le bénévolat, les groupes de jeunes et les clubs parascolaires peuvent contribuer à atténuer le sentiment d’isolement, en particulier si l’enfant surdoué est en mesure de rencontrer des pairs partageant les mêmes idées grâce à ces opportunités.

N’ayez pas peur de demander de l’aide

Enfin, sachez qu’il n’y a pas de honte à avoir besoin de l’aide d’un professionnel. Comme nous l’avons mentionné au début de l’article, l’anxiété des enfants et des adolescents est en augmentation. Si votre enfant souffre d’une anxiété qui augmente en intensité, en persistance et en prévalence, il est peut-être temps de demander l’aide d’un thérapeute ou d’un conseiller. Vous trouverez plus d’informations sur la manière de trouver un thérapeute spécialisé dans la douance et sur les considérations relatives au travail avec des professionnels de la douance sur notre blog.

Bien que cet article se soit concentré sur les aspects de la douance susceptibles d’amplifier l’anxiété, il est important de noter que certaines recherches montrent que la résilience peut également faire partie du lot des surdoués. Avec les bons outils et un soutien à la maison, nos enfants surdoués ont autant de chances de réussir sur le plan social et émotionnel que sur le plan intellectuel.

Voir aussi La dépression existentielle chez les personnes surdouées

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