Eduquer un enfant surdoué difficile : l’heureuse galère !

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Notre société très normée propose un modèle assez stricte de ce qu’un enfant doit être . Mais aussi surtout de ce qu’il ne doit absolument pas être. Dans ces conditions, élever un enfant surdoué « biologiquement » anticonformiste peut donc relever du calvaire si on ne prend pas un peu de recul.
Pour vous aider à prendre un peu dudit recul, voici quelques explications et conseils pour éviter de tomber dans les deux pièges majeurs face à un enfant difficile. Le lâcher-prise et la « Pathologisation ».
Deux pièges biens pernicieux : si le premier signera probablement l’échec de votre enfant, le second ouvre une voie tout aussi dangereuse : une approche médicamenteuse inutile et destructrice.

Éduquer un enfant difficile:

L’éducation des enfants « difficiles » représente souvent une hantise pour tout parent qui se respecte. Et, soyons honnête, ils n’ont pas tort… Mais comme la nature est bien faite, ce n’est pas parce qu’un enfant est jugé difficile que l’on ne souhaite pas le meilleur pour lui et que l’on n’agit pas en conséquence.

Et à propos de conséquence, cette tension entre « la forte personnalité » de l’enfant et la volonté de bien faire des parents peut amener de véritables situations de détresse. Et l’on peut croiser au hasard d’un diner quelques un de ces pauvres parents au bout du rouleau. Ils se sentent dépassés, épuisés, frustrés, dégoûtés et désemparés par la façon dont les problèmes et les besoins de leur enfant ont pris le dessus sur leur vie. Les horaires, les décisions et les routines quotidiennes semblent tous tourner autour du « Cas » qui, malgré tous les aménagements et les aides, ne devient pas plus facile à vivre.

Dépassé par son enfant : le risque du « réflexe de la pathologisation »

Pourtant ce sont des parents dévoués et attentionnés. Ils ont emmené leur enfant à toutes sortes d’évaluations et de thérapies, mais rien ne semble indiquer la source du problème ni comment l’améliorer. Ils se sont lancés dans une longue et coûteuse recherche d’explication – généralement sous la forme d’une étiquette ou d’un jeu d’étiquettes que l’on colle à l’enfant parfois a raison et souvent à tort ; et ce dans le secret espoir qu’elle mènera à un traitement efficace, à une façon de régler ou du moins d’améliorer la situation.

Beaucoup ont suivi le « modèle médical »: diagnostiquer, traiter et éventuellement guérir…. Certains sont même tombés sur des charlatans diagnostiquant des « troubles obsessionnels de l’opposition » ou de la « contradiction » ou de la « confrontation »… bref, juste un ado ou un surdoué qui vit mal sa douance…

Cependant, le diagnostic n’est pas nécessairement ce qu’il faut. Beaucoup d’enfants font des choses étranges ou excessives, mais tous n’indiquent pas qu’il y a un trouble à réparer ou un déficit à combler. De nos jours, la tendance est de pathologiser les enfants – de considérer toute différence ou difficulté comme un symptôme plutôt qu’un trait personnel. Cette « lentille pathologique » n’est pas juste pour ces enfants; de plus, elle n’aide pas les parents à s’en occuper efficacement.

Des diablotins si mignons !

Le boulot de parent : prendre du recul, faire preuve d’empathie, respecter les sensibilités

Une approche plus utile consiste  prendre du recul, considérer son enfant dans son ensemble ; avec des forces sur lesquelles s’appuyer et des faiblesses qu’il convient de limiter. Rechercher et exploiter ses atouts et comprendre ses difficultés – comme le recommande l’auteur et pédiatre Mel Levine.
Car après tout, pour qu’un enfant mûrisse et s’intègre, il est au moins aussi important de cultiver ses atouts que de remédier à ses faiblesses.

En fait, les difficultés ou les bizarreries d’un jeune peuvent s’avérer être ses points forts les plus importants. Dans de nombreux cas, les « problèmes » surviennent parce qu’un trait spécifique – comme l’excitation ou la ténacité – se manifeste au mauvais moment ou au mauvais degré et hors de son contexte approprié, apparaissant ainsi comme quelque chose de négatif.

De nombreux problèmes de comportement chez un enfant surdoué sont en fait dus à une sensibilité exceptionnelle plutôt qu’à une désobéissance délibérée.
Par exemple, parmi les sensibilités qu’un enfant peut manifester, on retrouve les suivantes:

  • Sensibilité sensorielle à des facteurs tels que le bruit ou la texture ou le nombre de personnes dans la pièce (questions d’intégration sensorielle).
  • Sensibilité émotionnelle aux perceptions d’injustice, de divergence ou d’insincérité. Les enfants surdoués peuvent être très empathiques et repèrent les moments où les autres sont faux – quand il y a une différence entre les mots d’une personne et ses intonations ou son langage corporel. La conscience accrue de la contradiction (quand quelqu’un rompt une promesse, par exemple, ou dit quelque chose qu’il ne veut pas vraiment dire) peut être insupportable pour eux. Il peut en résulter des comportements qui peuvent paraître antagonistes ou grossiers, mais qui découlent en fait de la sensibilité aiguë de l’enfant et de son incapacité à tolérer la contradiction.
  • La sensibilité intellectuelle, lorsqu’un enfant surdoué qui est un « penseur divergent  et créatif » devient tellement submergé par tous les aspects, toutes les possibilités et toutes les implications d’un sujet qu’il « disjoncte » et doit libérer cette énergie. Inversement, l’enfant surdoué qui est un penseur profond et intense peut devenir tellement hypercentré qu’il ne peut plus s’occuper de tout ce qu’il considère comme étranger et peut devenir irritable ou même explosif si les adultes tentent de détourner son attention.

Dans ces exemples, les récompenses ou les punitions utilisées pour motiver l’enfant à changer son comportement échouent lamentablement parce que les comportements problématiques de l’enfant n’ont rien à voir avec le manque de motivation.

En conséquence trois principes en or pour reprendre en main l’éducation de son surdoué difficile

Donc gardons à l’esprit trois principes fondamentaux pour éduquer justement nos enfants surdoués et difficiles.

Principe 1: C’est le parent, et non l’enfant, qui doit faire la plus grande partie du travail.

Il n’est pas logique de s’attendre à ce qu’un enfant ait les ressources intérieures nécessaires pour faire tout ou presque tout le changement. Nous, les adultes, avons plus de capacité à réfléchir sur nous-mêmes et à lutter contre nos habitudes que les enfants. Il n’est pas réaliste de s’attendre à ce que nos enfants le fassent en premier, peu importe le nombre d’autocollants ou d’étoiles que nous offrons. Une fois que nous aurons changé, nos enfants suivront.

Le premier changement devrait être dans notre orientation fondamentale: de la tentative de modifier le comportement de l’enfant à la prise de responsabilité : être un leader et un modèle. Ensuite, il faut changer de langage comme nous le verrons plus loin dans l’article.

Principe 2: Nous devons trouver des points précis où nous pouvons être utiles.

Nous devons être à l’affût des façons de changer l’environnement pour le rendre plus adapté à l’enfant. Par exemple, nous pourrions chercher ce qui tend à désorganiser ou à surcharger l’enfant. Est-il pressé ou surpris, se fait-il ordonner d’arrêter avant qu’une tâche ne soit terminée, ou doit-il faire face à trop de personnes ou de choix en même temps? Une fois que nous avons les réponses, nous pouvons intervenir au point précis où le problème se pose.

Par analogie, il est utile de se rappeler quand nos enfants ont appris à marcher. Nous avons concentré notre attention sur l’élimination des obstacles potentiels afin de minimiser les chutes; nous avons essayé de gérer l’environnement de façon à ce que notre enfant puisse s’exercer à le faire correctement et à connaître le succès; et nous avons encouragé chaque amélioration progressive, aussi minime soit-elle. Nous n’avons pas puni l’enfant pour ne pas avoir marché; nous l’avons aidé à marcher.

Principe 3: Nous devons donner aux enfants la chance de bien faire.

Plutôt que de réagir à ce que nos enfants font mal, nous devons leur donner plus de chances de bien faire les choses. La répétition est la façon dont les gens apprennent; biologiquement, c’est la façon dont les voies neuronales sont établies et renforcées. Adulte ou enfant, une personne est moins capable d’apprendre lorsqu’elle se sent confuse, incompétente ou négative. On apprend mieux quand on « attrape » ou quand on « prend le dessus ».

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