Définir le surdoué comme un individu possédant un QI supérieur à 130 n’est bien évidemment pas faux – c’est l’aspect le plus visible de la définition d’un surdoué.
Mais de plus en plus de chercheurs tendent à remettre en cause cette approche en soulignant qu’elle revient à baser la définition de la douance sur une conséquence et non une cause.
Aussi pour pouvoir mieux comprendre le phénomène de la Douance faut-il s’attarder plus longuement sur l’originalité de la structure cérébrale des surdoués, en faisant notamment appel à des concepts de neuroscience encore très récents (et donc discutables à l’infini).
Néanmoins sans rentrer dans les batailles de chapelle, voici un état des lieux de la recherche sur les spécificités cognitives de nos petits et grands surdoués.
Quel est le QI d’un surdoué ?
Un surdoué possède un Quotient Intellectuel strictement supérieur a 130
La définition la plus consensuelle du surdoué est un Quotient Intellectuel strictement supérieur à 130 mesuré par un test psychotechnique reconnu par l’Education Nationale. En France, ce sont les tests de Wechsler qui font référence (pour tout savoir sur les tests de QI).
D’accord mais c’est quoi le quotient intellectuel ?
Un quotient intellectuel ou QI est un score dérivé d’un ensemble de tests standardisés afin de mesurer les capacités cognitives (ou « l’intelligence ») de la personne par rapport à son groupe d’âge.
Un test de QI ne mesure pas l’intelligence de la façon dont un mètre mesure une hauteur (de manière absolue donc), mais plutôt de la façon dont on mesure la vitesse dans une course-relais (c’est-à-dire de manière relative : chaque étape de la course ayant sa vitesse propre).
En effet les tests psychométriques (c’est le vrai nom des tests de QI) modernes produisent des scores pour les différents domaines testés (exp : maîtrise de la langue, pensée en trois dimensions, etc.). Ensuite les différents scores sont synthétisés, via une moyenne pondérée définie par l’éditeur du test, et restitués via un score général qui est celui auquel on se réfère lorsque l’on parle de QI.
Ces tests sont calibrés sur une population donnée (par exemple une tranche d’âge) et produisent un score moyen de 100. Selon les méthodologies, le résultat des tests de QI vont vous « ranger » dans une tranche de population en comparaison avec la moyenne. Sans prononcer des mots barbares tels qu’écart-type, ce qu’il faut retenir, c’est qu’a tel score vous êtes plus (ou moins) intelligent que tel pourcentage de la population.
Le Quotient Intellectuel expliqué en Vidéo :
Les surdoués ne sont pas une population monolithique ! En fonction des scores obtenus aux tests de QI, l’on va retrouver deux principales catégories de surdoués ; les HQI (Haut Quotient Intellectuel) et les THQI (les Très Haut Quotient Intellectuel).
Ainsi de 130 à 145 de QI, on parlera de HQI et au-delà de 145 de QI, soit trois écart types au-dessus de la moyenne, de THQI. Si les surdoués de manière générale ont des aptitudes supérieures à 98,2% de la population ; les THQI, eux, ont un QI supérieur à 99,8% de la population soit 1,34 THQI pour mille individus. Pour faire parler les chiffres, si l’on considère que la France compte toujours 60 millions d’habitants ; on ne dénombrerait que 81 000 THQI sur l’ensemble de la population !
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Quelle différence entre un surdoué et un individu normal ?
Le cerveau d’un surdoué travail sur un mode multi-spatial et « très haut débit »
Nous expliquons ici les thèses défendues par la référence en la matière : le Professeur Olivier Revol.
Chez les surdoués, non seulement l’information circule plus vite mais en plus elle peut mobiliser plus de réseaux neuronaux pour être traitée !
Tout d’abord la densité et la communication neuronale. La cervelle de surdoué est plus lourde au gramme ! Non plus sérieusement ces premières études montrent que les cerveaux des surdoués possèdent une densité de connexions neuronales bien plus élevée et étendue que les sujets normaux. Ainsi le surdoué va, pour résoudre un problème, pouvoir mobiliser plusieurs aires cérébrales en parallèle là où le sujet normal n’activera qu’une aire spécifique. C’est ce que l’on appelle le traitement multi spatial.
De plus la vitesse de transmission de l’information entre les neurones est plus de deux fois plus élevée chez les individus surdoués que chez les individus normaux.
En effet, on estime qu’en moyenne un point de QI représente une croissance de la vitesse de transmission des informations de 0.05 mètre par seconde. Ainsi la différence entre un individu à 130 de QI et un individu a 100 est quasiment du simple au double avec un gain de vitesse de 1.5 mètre seconde.
Le cerveau surdoué traite l’information dans son ensemble, alors qu’un cerveau normal priorise ses tâches.
L’inhibition latente permet au cerveau de prioriser les signaux qu’il reçoit afin de concentrer ses capacités de traitement sur les informations les plus importantes. Ainsi quand vous entrez dans une pièce pour saluer quelqu’un, normalement votre cerveau va faire abstraction du gout de l’interlocuteur qui transparait de la déco, de la tâche de vinaigrette et du petit morceau de carotte râpée sur la cravate etc etc. Il va se concentrer sur les informations importantes qui sont ce qui est dit par votre interlocuteur et sur le mouvement qu’il doit définir pour votre main afin de serrer celle de votre hôte. Mais si vous êtes surdoués, alors pas d’inhibition latente : votre cerveau va traiter l’ensemble des informations sans priorisations ! Il devra alors mobiliser un volume de connexion considérable pour traiter cette surcharge d’information, mais il aura « conscience » de mille choses que l’individu moyen aura « volontairement » exclu de traiter – et n’en aura donc pas conscience… C’est peut-être de cette capacité que découle la fameuse empathie des surdoués !
Le surdoué possède une mémoire de travail beaucoup plus importante
Le fonctionnement cognitif des surdoués est différent des individus « normaux », et cette spécificité s’exprime particulièrement pour ce qui touche au traitement de l’information (Source : Grubar). Le surdoué se caractérise par un traitement est plus rapide de l’information en partie liée à une « mémoire de travail » plus efficace : il s’agit de cette mémoire immédiate à court terme qu’on utilise pour mobiliser des connaissances dans la résolution de problèmes immédiats (la fameuse RAM des ordinateurs pour les plus geek d’entre vous).
La quantité et la durée de mémorisation étant proportionnelles au QI du sujet puisque c’est une des composantes mesurées par les tests en question… Or cette mémoire de travail est capitale pour toutes tâches d’organisation et de hiérarchisation des informations – qui représente l’étape nécessaire avant d’attaquer la réflexion en tant que telle (ce que cette information signifie au-delà de ce qu’elle est. Par exemple je vois de la neige et j’en déduis donc qu’il fait froid).
La plasticité cérébrale d’un nouveau-né doublé de la capacité de traitement d’un adulte
Bien plus encore, le rapport des fréquences oculomotrices (mouvements des yeux) pendant le sommeil paradoxal, qui indique les capacités de l’individu à organiser les informations qu’il reçoit, est très élevé chez les individus surdoués. D’après Grubar donc les surdoués gardent un cerveau de nouveau-né (du point de vue de la plasticité cérébrale) et disposent de capacité propre aux adultes (d’un point de vue de la capacité de traitement)
Si l’on traverse l’Atlantique pour aller voir du côté de McGill (grande université canadienne) le cerveau des surdoués se distingue des autres par la rapidité avec laquelle sa partie « pensante » (le cortex préfrontal) s’épaissit et s’amincit durant la croissance. Ce cortex préfontal est fondamental pour la plupart des tâches d’intelligence abstraites. C’est ici que se développeraient le raisonnement abstrait, la planification et d’autres fonctions exécutives. Ce développement différent entrainerait une plus grande efficience des zones concernées.
Le surdoué pense différemment : sa pensée est arborescente
Conséquence de cette sur-efficience cognitive, la pensée en arborescence s’impose comme la marque de fabrique du surdoué : un problème donné va se ramifier en de multiples sous problèmes plus ou moins liés à la question initiale ; qui seront traités simultanément et a très grande vitesse. Pour donner une image, imaginons un feu d’artifice ou chaque fusée va produire une multitude de branches et sous branches : le surdoué est capable de traiter toutes les étapes de résolution d’un problème mais aussi définir quelles sont les problématiques connexes à ce problème et enchainer dans le même temps la résolution de ces dernières.
Pas très pratique pour donner une solution simple au problème évoqué… Car le surdoué aura beaucoup de difficultés à prioriser le traitement des différentes branches de son raisonnement et à l’expliquer de manière synthétique à son interlocuteur surtout si celui-ci raisonne différemment ou plutôt « normalement ».
En effet l’arborescence n’est pas le mode commun de penser : généralement un raisonnement est séquentiel : les étapes de résolution d’un problème se succèdent et sont traités les un après les autres jusqu’à la solution. Pour un individu normal, établir un plan ne représente pas trop de complexité dans la mesure où la structure en plan correspond étroitement au fonctionnement de son cerveau. Et ainsi l’individu normal peut reprendre en cœur la presque maxime de Boileau « ce que l’on conçoit bien s’énonce clairement et les mots pour le dire arrivent aisément ». Le surdoué, lui, aura besoin d’un travail supplémentaire pour s’y conformer et s’exprimer de manière normalement structurée quand son cerveau l’est différemment.
L’intuition, la grande différence du surdoué
La vitesse de traitement d’une infirmation entre les neurones d’un sujet surdoué est supérieure à ce que le conscient peut enregistrer. En conséquence le surdoué à souvent les plus grandes difficultés du monde à décrire les étapes de raisonnement qui lui ont permis d’obtenir une solution. En plus clair il est incapable d’expliquer comment il a fait pour résoudre un problème et expliquer les étapes de son raisonnement. C’est généralement pour cette raison que les hauts potentiels paraissent très « intuitifs ». Pourtant la vérité (ou à minima la solution) ne leur tombe pas toute cuite dans le bec sous l’effet d’un quelconque « vent divin ». Comme tout le monde ils ont dû réfléchir pour trouver une solution. Simplement leur réflexion a été si rapide qu’ils ne peuvent être conscient du « comment du pourquoi » ils énoncent cette solution à ce problème.
Ce dernier point est particulièrement problématique pour les enfants surdoués dans un cadre scolaire : ils se retrouvent confus et gênés devant le professeur quand ils doivent repasser les étapes d’un problème mathématique… Mais les adultes surdoués ne seront pas en reste lorsqu’en réunion ils exprimeront des avis que beaucoup auront du mal à comprendre.
Comment reconnaître un surdoué ?
Il existe bien évidemment des signes extérieurs plus évidents qu’un « débit » d’informations au sein du cerveau ! Et il est bien utile de les connaître pour apprendre à détecter les surdoués quel que soit leur âge.
Pour reconnaître un enfant surdoué :
Vous pouvez ainsi consulter notre article décrivant les signes permettant de reconnaitre un enfant surdoué
De même vous trouverez ici un article décrivant les six profils type de l’enfant précoce : à lire car certains se cachent bien !!!
Pour reconnaître un adulte surdoué :
Les signes évoluent avec l’âge et il faut donc dissocier la reconnaissance de l’adulte de celle de l’enfant. Et si votre enfant est surdoué, sachez que c’est génétique et donc « transmissible »… La question qui vient après est « de qui tient il/elle cela ? ». En d’autres termes derrière qui dans votre entourage se cache un adulte surdoué ?
Pour le retrouver vous pouvez vous référer à cet article décrivant les signes principaux permettant de reconnaitre un adulte surdoué
Monique de Kermadec explique comment reconnaître un surdoué:
Qu’est-ce qu’un adulte surdoué ?
C’est un individu qui oscille entre sentiment de différence et investissement absolu
Selon Monique de Kermadec – psychologue de renom quand on traite des surdoués – les adultes surdoués souffrent souvent d’être incompris. Plus intelligents que les autres, différents depuis l’enfance, ce sont des personnes hypersensibles, dont l’émotivité peut être une grande fragilité. Beaucoup d’adultes surdoués sont parfois dépassées par leurs émotions ou ont de grandes difficultés à créer des relations avec autrui ; tisser des liens avec les autres. Elles se sentent donc souvent très seules. Ceci étant dit, il faut souligner que chacun que de leurs traits de caractère est à la fois une force ou une faiblesse selon l’environnement du surdoué. Par exemple, leur capacité à s’investir intellectuellement dans un sujet qui les passionne peut les conduire parfois jusqu’à l’épuisement. Mais bien encadré, cette force de détermination est un atout extraordinaire.
Au travail, l’adulte surdoué apprend vite, sur le tas mais s’ennuie si vite !
Certains traits de caractère des personnes surdouées peuvent provoquer des relations tendues avec leurs supérieurs et leurs collègues. Dans leur article « Gifted Adults in Work » mis en ligne par l’association américaine SENG (Supporting Emotional Needs of the Gifted: SENG) , Noks Nauta et Frans Corten présentent un tableau intéressant qui met en évidence la différence entre ce qui est observé dans l’environnement et la perception de l’employé surdoué. Par exemple, selon Nauta et Corten, le management souligne que l’individu surdoué a « de nombreux conflits avec la direction et les dépositaires de l’autorité » alors que l’employé surdoué déclare : « J’ai un grand sens de la justice ».
De même, selon Corten un environnement de travail qui étouffe la créativité et ne tient pas compte des différences de style, peut être particulièrement difficile pour le travailleur surdoué. Bien souvent d’ailleurs, le désir de mieux utiliser leurs talents et leurs intérêts les amènent à vouloir créer leur propre entreprise. Ils affirment souvent que leur environnement de travail traditionnel (que ce soit dans le monde des affaires, de l’éducation, du gouvernement ou dans un cadre à but non lucratif) met trop d’obstacles à leur créativité et ne permet pas la compréhension de leurs idées, car le schéma d’organisation implique de suivre un chef – et est donc autoritaire envers ceux qui pensent différemment.
Qu’est-ce qu’un enfant surdoué ?
Pour répondre à cette épineuse question j’ai écrit un article entier dédié à ce sujet que vous pouvez consulter en cliquant sur le lien : Qu’est ce qu’un EIP ? Une explication de qui sont les enfants surdoués ?