Cet article se veut comme un résumé - une trame - pour notre dossier consacré aux troubles potentiellement liés à la douance. Tout au long de l'article vous retrouverez des liens qui vous renverront vers des articles dédiés et beaucoup plus riches.
Certains enfants sont très doués dans des domaines tels que les mathématiques, l’écriture ou la musique. D’autres ont des difficultés qui affectent l’apprentissage : Ils peuvent souffrir de TDAH, de dyslexie, de dyscalculie, d’une forme d’autisme, ou ont des problèmes de traitement sensoriel – comme la dyspraxie par exemple.
Mais il y a aussi des enfants qui correspondent aux deux catégories. On les appelle les enfants doublement exceptionnels – “Twice Exceptional » en anglais – ou 2e, ce qui signifie qu’ils ont des capacités exceptionnelles pondérées par un handicap. Ils sont doués d’une manière ou d’une autre, mais ils sont également confrontés à des difficultés d’apprentissage ou de développement.
Les enfants qui sont à la fois surdoués et “handicapés” (au sens vrai du terme c’est à dire des personnes souffrant d’une limitation d’activité ou restriction de la participation à la vie en société en raison d’une altération d’une fonction ou d’un trouble de santé selon le Petit Robert) peuvent être difficiles à comprendre.
Les enfants surdoués peuvent utiliser leurs points forts pour compenser leur faiblesse et, ce faisant, masquer leurs problèmes d’apprentissage. Ou bien leur handicap peut masquer la douance.
Quoi qu’il en soit pour eux, trop souvent ni le handicap ni la douance ne sont reconnus.
D’abord, la typologie des troubles généralement associés à la douance
Chaque type de trouble est documenté dans un article spécifique dédié à son sujet. En cliquant sur le titre, vous pourrez y accéder.
Troubles Dys : Dysphasie
La dysphasie, également appelée aphasie, est un trouble du langage. Elle affecte la façon dont vous parlez et comprenez le langage. Les personnes atteintes de dysphasie peuvent avoir des difficultés à assembler les bons mots dans une phrase, à comprendre ce que disent les autres, à lire et à écrire.
Troubles Dys : Dyscalculie
La dyscalculie est un terme qui désigne un large éventail de difficultés en mathématiques, notamment des faiblesses dans la compréhension de la signification des nombres et des difficultés à appliquer des principes mathématiques pour résoudre des problèmes.
Troubles Dys : Dysorthographie
La dysorthographie est un trouble spécifique de l’orthographe qui accompagne la dyslexie ; le dysfonctionnement cognitif qui sous-tend les deux troubles est probablement commun aux deux. Dans la dysorthographie, l’orthographe des mots est très déficiente, conséquence directe du trouble phonologique des enfants dyslexiques.
Troubles Dys : Dysgraphie
La dysgraphie peut se manifester par des difficultés d’orthographe et/ou des difficultés à mettre ses idées sur papier. La dysgraphie est un trouble neurologique qui apparaît généralement lorsque les enfants commencent à apprendre à écrire. Les experts ne sont pas sûrs de ses causes, mais un traitement précoce peut aider à prévenir ou à réduire les problèmes.
Troubles Dys : Dyspraxie
Le trouble développemental de la coordination (TDC), également connu sous le nom de dyspraxie, est un trouble de la coordination physique. L’enfant est moins performant que prévu dans les activités quotidiennes de son âge et semble se déplacer maladroitement.
Troubles Dys : Dyslexie
La dyslexie est une difficulté d’apprentissage relativement courante qui peut entraîner des problèmes de lecture, d’écriture et d’orthographe. Il s’agit d’une difficulté d’apprentissage spécifique, ce qui signifie qu’elle entraîne des problèmes avec certaines capacités utilisées pour l’apprentissage, comme la lecture et l’écriture.
Troubles du Spectre Autistiques : Asperger
Le syndrome d’Asperger est un trouble du spectre autistique (TSA) considéré comme étant de « haut niveau ». C’est un trouble du développement neurologique caractérisé par des difficultés importantes en matière d’interaction sociale et de communication non verbale, ainsi que par des modèles de comportement et d’intérêts restreints et répétitifs.
Troubles du Comportement : TDA/TDAH :
Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/TDAH) est un trouble marqué par un schéma continu d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui interfère avec le fonctionnement ou le développement. Le comportement hyperactif se traduit généralement par une activité constante, une distraction facile, une impulsivité, une incapacité à se concentrer, une agressivité et d’autres comportements similaires.
Trouble de la sensibilité : Hypersensibilité
La dysrégulation, également connue sous le nom de dysrégulation émotionnelle ou d’hypersensibilité, désigne une faible capacité à gérer les réponses émotionnelles ou à les maintenir dans une fourchette acceptable de réactions émotionnelles typiques. Elle peut concerner un large éventail d’émotions, dont la tristesse, la colère, l’irritabilité et la frustration. Si vous vous reconnaissez dans ce schéma, vous serez probablement passionné par notre article dédié à vous conseiller pour faire de l’hypersensibilité une grande compétence!
Troubles dépressifs : Dépression Existentielle (Ados – Adultes)
Lorsqu’une dépression est provoquée par des questions sur le sens de la vie, la vie elle-même ou la mort, on parle de dépression existentielle. La philosophie existentielle indique que les humains sont poussés à donner un sens interne à leur vie.
Cela signifie que nous désirons et voulons choisir et poursuivre des choses qui nous donnent un sens. Étant des êtres entièrement libres, nous sommes seuls responsables de notre malheur ou de notre bonheur. Nous nous efforçons donc de donner un sens à notre vie par le biais des relations, de la famille, de la religion, de la charité, des loisirs, du travail, etc.
Ensuite, pourquoi les enfants doublement exceptionnels sont ils souvent négligés ?
Parfois la surdouance éclipse le handicap
L’une des raisons pour lesquelles les enfants doublement exceptionnels risquent de passer entre les mailles du filet est que leurs écoles sont conçues pour aider les enfants à atteindre les compétences scolaires moyenne de l’année, et qu’ils peuvent très bien être au niveau de cette moyenne, malgré leurs difficultés.
Prenons l’exemple d’un enfant surdoué qui a un problème de lecture: lorsqu’ils lisent, il y a des mots qu’ils ne savent pas décoder, mais ils utilisent le raisonnement déductif et leur capacité cognitive globale pour trouver le mot manquant. Ce faisant, ces enfants passent complètement sous le radar.
Ils peuvent éventuellement recevoir un diagnostic de trouble d’apprentissage s’ils se heurtent à un mur lorsqu’ils atteignent les classes supérieures et que les attendus augmentent, mais a contrario, ils peuvent ne jamais recevoir le diagnostic et le soutien dont ils ont en fait besoin. Tout dépend de leur capacité à compenser.
Parfois c’est le handicap qui éclipse la douance
Il y a aussi le cas d’un enfant 2e dont les problèmes éclipsent sa douance.
Il est des exemples ou le trouble de l’enfant n’arrive pas à être compensé par la douance – ou s’exprime d’une manière qui fausse toute détection d’une éventuelle douance. Des troubles du comportement peuvent masquer des capacités très élevées pour la pensée visuelle et spatiale, y compris la perception, l’analyse et la synthèse. Ce qui devrait induire une véritable excellence en mathématiques, en sciences et en ingénierie de manière générale – si tant est que l’enfant puisse être correctement accompagné. Il est donc capital d’apprendre à discerner les causes d’une sous efficience scolaire et ne pas se limiter aux symptômes ( la fameuse sous efficience) .
Doublement exceptionnel : problèmes émotionnels et comportementaux
Le fait de ne pas identifier à la fois les talents et le handicap peut avoir des conséquences émotionnelles et comportementales pour les enfants.
Ils savent qu’ils sont capables de plus, mais quelque chose les retient, et ils ne savent pas vraiment quoi ni pourquoi. C’est pourquoi on observe souvent beaucoup de frustration, d’anxiété et même des troubles du comportement – qui ne sont pas directement liés à leur handicap mais plutôt à la tension entre leur potentiel réel et leur capacité à produire dans la norme – chez beaucoup de ces enfants.
Ils peuvent passer pour des paresseux parce qu’ils sont manifestement brillants mais obtiennent de mauvais résultats dans certains domaines. Ils peuvent faire l’objet de nombreuses critiques de la part des parents et des enseignants : « Tu ne fais aucun effort en maths ! Ce n’est pas parce que tu n’aimes pas le Français, qu’il ne faut pas le travailler » Leur estime de soi en pâtit et ils peuvent finir par souffrir d’une forme de dépression ou commencer à nourrir une phobie scolaire (et alors bonjour les dégâts !).
A l’opposé, ils peuvent aussi se mettre dans une position d’opposition frontale aux enseignants et aux parents. Frustrés par leurs difficultés, ils se comportent de manière atroce, et on les qualifie à tort de caractériels, de tête de mule ou autre. Enfin bref, on les comprend mal.
Attention à ne pas confondre surdouance et troubles !
Les enfants surdoués peuvent avoir des comportements qui ressemblent à ceux du TDAH ou de l’autisme.
L’une des choses que nous savons presque universellement sur les enfants surdoués, c’est qu’ils sont intenses. S’ils aiment les dinosaures, ils mangent, boivent, vivent des dinosaures. S’ils aiment les mathématiques et les facteurs, et bien ils adorent ça : ils boiront, mangeront et joueront sous une forme mathématique. De même, s’ils s’intéressent aux luttes de pouvoir, au pouvoir de manière générale notamment via la rivalité entre frères et sœurs; alors votre douce maisonnée prend des airs de champs de bataille.
Cette intensité peut rendre très frustrante l’intégration dans une classe ordinaire. Les recherches indiquent que pour la plupart des enfants surdoués, entre un quart et la moitié du temps de classe ordinaire est consacré à attendre que les autres rattrapent leur “retard”. Si vous êtes assis là et que votre esprit est en train de s’agiter intensément, vous risquez d’être perçu comme étant hors sujet, agité, interrompant les autres – bref des comportements classiques qui s’apparentent au TDAH. Mais en l’occurrence, pas de TDAH; mais de l’ennuis. Un profond ennui.
Vous vous imaginez vous à passer un quart ou la moitiée de la journée à attendre le métro ? Car c’est à cela que ressemble une journée de classe ordinaire pour un petit surdoué. Il attend que le train avance….
Il est également facile de diagnostiquer à tort les enfants surdoués comme faisant partie du spectre autistique.Car les enfants surdoués semblent être plus bizarres que les autres enfants.
Ils peuvent être tout simplement hypersensibles aux stimuli, ce qui leur fait éviter les lumières vives, le bruit et les foules. La combinaison d’une surexcitabilité et d’un avancement intellectuel peut les rendre incompatibles avec leurs camarades immatures, bruyants et turbulents. Ils ne jouent tout simplement pas bien avec les autres.
En réaction, ils essaient de structurer leur monde de manière rigide pour se rassurer – engendrant des difficultés à passer d’une tâche à l’autre.
Or tous ces comportements sont ceux que l’on rencontre souvent dans le spectre autistique. Mais la, pas d’autisme; juste l’hypersensibilité qui les sature d’informations….
Mais bien sûr, un enfant peut aussi être 2e – à la fois surdoué et atteint de TDAH ou d’autisme.
Comment identifier les enfants réellement 2e ?
Les enseignants et parents doivent se familiariser avec le concept de double exceptionnalité. L’un des grands mythes au sujet des enfants surdoués est qu’ils seront aussi doués dans tous les domaines, ou très proches d’une forme d’universalisme de compétences..
Un souci néanmoins, c’est qu’il n’existe pas vraiment de définition universellement reconnue de la « douance ». Même en ce qui concerne les capacités intellectuelles générales, car la douance, dans sa définition la plus pure, ne se limite pas au potentiel intellectuel. Elle peut tout autant faire référence à des capacités extraordinaires dans la pensée créative, que dans des domaines académiques spécifiques, ou dans le fonctionnement psychomoteur ou bien encore dans l’esthétisme.
Pour comprendre ce dernier point, je vous renvoie à mon article : comprendre les surdoués; qu’est ce que la douance ?.
Ce qu’il faut retenir ici, ce que les experts suggèrent, c’est que lorsqu’un enseignant voit un enfant qui a des résultats tout juste corrects dans certains domaines, mais qui est “prodigieux” dans un ou deux domaines, ou qui a des résultats exceptionnels dans tous les domaines sauf un, il devrait systématiquement être orienté vers un test de Wechsler (la référence des test de QI pour détecter la précocité en France).
Bref, souvenez vous que la meilleure façon de détecter une double exceptionnalité est de procéder à une évaluation neuropsychologique.
Les évaluations neuropsychologiques sont vraiment le meilleur moyen de comprendre le profil complet des forces et faiblesses cognitives et scolaires d’un élève,pour “individualiser” son programme d’études, ce dont ces enfants ont vraiment besoin.Ceci dit attention, on est en France quand même et l’Education Nationale n’est pas une bonne élève en matière de traitement réservés aux surdoués en général, et des surdoués 2e en particulier. Il faudra probablement vous battre pour obtenir ce que d’autres pays comme les Etats Unis considéraient comme “la base des fondations du strict minimum”… Et arriver à concilier une avance de plusieurs années en maths, mais un retard d’une année en lecture.
Une fois identifié , le défi de l’éducation des doublements exceptionnels
Votre plus grand défi sera de devoir choisir entre deux choses :
- cultiver et challenger les capacités intellectuelles ou l’enfant excelle
- l’aider à répondre à ses besoins spécifiques liés à son handicap.
car à ma connaissance, les deux ne sont généralement pas proposés en même temps.
Une façon d’essayer d’obtenir l’enseignement individualisé dont ces enfants ont besoin est de les placer dans des classes plus âgées pour les matières dans lesquelles ils excellent mais en prévoyant un tutorat spécifique pour leur matière faible. Est-ce une bonne solution ? En fait, cela peut être délicat car ils n’ont pas forcément la maturité nécessaire pour faire leurs devoirs et répondre aux exigences sociales de cette moyenne d’âge. Dans certains cas, les parents peuvent opter pour des écoles privées, avec des classes plus petites et/ou des programmes adaptés aux forces et aux faiblesses de chaque élève. Mais bien sûr ces établissements – souvent hors contrat – sont chers. Extrêmement chers.
Autre solution, offrir beaucoup “d’enrichissement” en dehors de l’école. Multiplier les activités extra-scolaire pour nourrir les matières fortes de l’élève – tout en gardant un contact étroit avec les enseignants pour que ceux-ci en prennent compte dans leur enseignement. Mais pour le coup c’est au bon vouloir de l’enseignant.
Pour ce qui est de l’Éducation Nationale, elle est -disons le directement – très en retard sur ce sujet.
En fait, elle est tellement en retard que la surdouance n’a été vraiment reconnue que très récemment. Avant on parlait de simple précocité : un élève en avance quoi. Pas de quoi en faire un drame, s’il est en avance cela ne veut pas dire qu’il est différent. S’il n’est pas différent alors pas de différence. Si pas de différence, alors en classe comme tout le monde !
Désormais, l’Education Nationale semble accepter que tous ses élèves ne sont pas des clones et qu’il existe des Haut-Potentiels. D’où d’ailleurs un changement de terminologie pour ces élèves qui d’Enfant Intellectuellement Précoce (EIP) deviennent des EHP (Enfant Haut Potentiel) dans le vademecum publié par Eduscol sur la thématique de la scolarisation des enfants surdoués . Ca peut paraître anodin, mais dans l’Institution, c’est une véritable révolution intellectuelle : tous les enfants n’ont pas le même potentiel.
Et je vous laisse apprécier le changement d’état d’esprit en vous restituant un extrait de la préface de Jean Marc Huart :
“L’Ecole doit accueillir tous les élèves, sans aucune distinction. Pour que cette école devienne pleinement inclusive, nous avons à cœur de la faire évoluer, afin que tous les élèves à haut potentiel puissent s’y développer et s’y épanouir.
Le projet de loi pour une école de la confiance offre un cadre plus précis à cette question dans le code de l’éducation. Les élèves « à haut potentiel », et non plus « intellectuellement précoces », se verront proposer des « aménagements appropriés », selon le rythme d’apprentissage de l’élève, pour y « développer pleinement leurs potentialités ». Si la loi fixe un cadre national, il nous appartient ensuite de mettre en œuvre toutes les dispositions nécessaires pour aider les familles et les enseignants, non seulement à repérer les enfants à haut potentiel, mais aussi à les accompagner le mieux possible. C’est pourquoi je vous propose ce vademecum.”
Voilà qui ouvre la voie à des traitements spécifiques pour les surdoués mais aussi les élèves doublement exceptionnels – qui sont cités en annexe comme devant faire preuve d’un soutien spécifique et approprié !!!
Ouahhh ca change , reste à voir comment les écoles en tiendront compte.
L’importance de trouver des soutiens pour accompagner son petit 2e
Obtenir un soutien peut aider les enfants doublement exceptionnels à atteindre leur plein potentiel, tant sur le plan scolaire que sur le plan émotionnel.
Lorsque les enfants doublement exceptionnels sont identifiés et soutenus, ils peuvent mieux réussir à l’école et avoir une meilleure estime d’eux-mêmes.
Si les parents sont bien informés de ce qui se passe avec l’enfant, si les enseignants comprennent vraiment qu’il s’agit d’un enfant brillant qui n’a qu’un ou deux points faibles (même s’ils sont sacrément faibles), cela peut influer sur la façon dont les enseignants parlent à l’enfant, sur la façon dont ils lui enseignent.
D’où l’importance de s’orienter vers un dépistage et se faire soutenir par des psychologues spécialisés (se référer aux associations soit de surdoués soit des parents d’enfants Dys ou autistes. Il y en a plein en France)
Une autre façon d’aider les enfants en difficulté, est de leur faire savoir que les choses vont s’arranger. Les années de la maternelle à la terminale seront les plus difficiles de la vie de l’enfant, car il doit suivre toutes les matières de base. Mais lorsqu’ils partent à l’université, ils peuvent choisir les cours dans leurs domaines de prédilection. Après cela, ils peuvent choisir des carrières qui correspondent à leurs points forts à nouveau et vraiment briller là aussi. alors oui c’est long; mais il y a un bout au tunnel. Et donc de l’espoir. Et l’espoir fait vivre.
Cet article se veut comme un résumé - une trame - pour notre dossier consacré aux troubles potentiellement liés à la douance. Tout au long de l'article vous retrouverez des liens qui vous renverront vers des articles dédiés et beaucoup plus riches.
Certains enfants sont très doués dans des domaines tels que les mathématiques, l’écriture ou la musique. D’autres ont des difficultés qui affectent l’apprentissage : Ils peuvent souffrir de TDAH, de dyslexie, de dyscalculie, d’une forme d’autisme, ou ont des problèmes de traitement sensoriel – comme la dyspraxie par exemple.
Mais il y a aussi des enfants qui correspondent aux deux catégories. On les appelle les enfants doublement exceptionnels – “Twice Exceptional » en anglais – ou 2e, ce qui signifie qu’ils ont des capacités exceptionnelles pondérées par un handicap. Ils sont doués d’une manière ou d’une autre, mais ils sont également confrontés à des difficultés d’apprentissage ou de développement.
Les enfants qui sont à la fois surdoués et “handicapés” (au sens vrai du terme c’est à dire des personnes souffrant d’une limitation d’activité ou restriction de la participation à la vie en société en raison d’une altération d’une fonction ou d’un trouble de santé selon le Petit Robert) peuvent être difficiles à comprendre.
Les enfants surdoués peuvent utiliser leurs points forts pour compenser leur faiblesse et, ce faisant, masquer leurs problèmes d’apprentissage. Ou bien leur handicap peut masquer la douance.
Quoi qu’il en soit pour eux, trop souvent ni le handicap ni la douance ne sont reconnus.
D’abord, la typologie des troubles généralement associés à la douance
Chaque type de trouble est documenté dans un article spécifique dédié à son sujet. En cliquant sur le titre, vous pourrez y accéder.
Troubles Dys : Dysphasie
La dysphasie, également appelée aphasie, est un trouble du langage. Elle affecte la façon dont vous parlez et comprenez le langage. Les personnes atteintes de dysphasie peuvent avoir des difficultés à assembler les bons mots dans une phrase, à comprendre ce que disent les autres, à lire et à écrire.
Troubles Dys : Dyscalculie
La dyscalculie est un terme qui désigne un large éventail de difficultés en mathématiques, notamment des faiblesses dans la compréhension de la signification des nombres et des difficultés à appliquer des principes mathématiques pour résoudre des problèmes.
Troubles Dys : Dysorthographie
La dysorthographie est un trouble spécifique de l’orthographe qui accompagne la dyslexie ; le dysfonctionnement cognitif qui sous-tend les deux troubles est probablement commun aux deux. Dans la dysorthographie, l’orthographe des mots est très déficiente, conséquence directe du trouble phonologique des enfants dyslexiques.
Troubles Dys : Dysgraphie
La dysgraphie peut se manifester par des difficultés d’orthographe et/ou des difficultés à mettre ses idées sur papier. La dysgraphie est un trouble neurologique qui apparaît généralement lorsque les enfants commencent à apprendre à écrire. Les experts ne sont pas sûrs de ses causes, mais un traitement précoce peut aider à prévenir ou à réduire les problèmes.
Troubles Dys : Dyspraxie
Le trouble développemental de la coordination (TDC), également connu sous le nom de dyspraxie, est un trouble de la coordination physique. L’enfant est moins performant que prévu dans les activités quotidiennes de son âge et semble se déplacer maladroitement.
Troubles Dys : Dyslexie
La dyslexie est une difficulté d’apprentissage relativement courante qui peut entraîner des problèmes de lecture, d’écriture et d’orthographe. Il s’agit d’une difficulté d’apprentissage spécifique, ce qui signifie qu’elle entraîne des problèmes avec certaines capacités utilisées pour l’apprentissage, comme la lecture et l’écriture.
Troubles du Spectre Autistiques : Asperger
Le syndrome d’Asperger est un trouble du spectre autistique (TSA) considéré comme étant de « haut niveau ». C’est un trouble du développement neurologique caractérisé par des difficultés importantes en matière d’interaction sociale et de communication non verbale, ainsi que par des modèles de comportement et d’intérêts restreints et répétitifs.
Troubles du Comportement : TDA/TDAH :
Le trouble déficitaire de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDA/TDAH) est un trouble marqué par un schéma continu d’inattention et/ou d’hyperactivité-impulsivité qui interfère avec le fonctionnement ou le développement. Le comportement hyperactif se traduit généralement par une activité constante, une distraction facile, une impulsivité, une incapacité à se concentrer, une agressivité et d’autres comportements similaires.
Trouble de la sensibilité : Hypersensibilité
La dysrégulation, également connue sous le nom de dysrégulation émotionnelle ou d’hypersensibilité, désigne une faible capacité à gérer les réponses émotionnelles ou à les maintenir dans une fourchette acceptable de réactions émotionnelles typiques. Elle peut concerner un large éventail d’émotions, dont la tristesse, la colère, l’irritabilité et la frustration. Si vous vous reconnaissez dans ce schéma, vous serez probablement passionné par notre article dédié à vous conseiller pour faire de l’hypersensibilité une grande compétence!
Troubles dépressifs : Dépression Existentielle (Ados – Adultes)
Lorsqu’une dépression est provoquée par des questions sur le sens de la vie, la vie elle-même ou la mort, on parle de dépression existentielle. La philosophie existentielle indique que les humains sont poussés à donner un sens interne à leur vie.
Cela signifie que nous désirons et voulons choisir et poursuivre des choses qui nous donnent un sens. Étant des êtres entièrement libres, nous sommes seuls responsables de notre malheur ou de notre bonheur. Nous nous efforçons donc de donner un sens à notre vie par le biais des relations, de la famille, de la religion, de la charité, des loisirs, du travail, etc.
Ensuite, pourquoi les enfants doublement exceptionnels sont ils souvent négligés ?
Parfois la surdouance éclipse le handicap
L’une des raisons pour lesquelles les enfants doublement exceptionnels risquent de passer entre les mailles du filet est que leurs écoles sont conçues pour aider les enfants à atteindre les compétences scolaires moyenne de l’année, et qu’ils peuvent très bien être au niveau de cette moyenne, malgré leurs difficultés.
Prenons l’exemple d’un enfant surdoué qui a un problème de lecture: lorsqu’ils lisent, il y a des mots qu’ils ne savent pas décoder, mais ils utilisent le raisonnement déductif et leur capacité cognitive globale pour trouver le mot manquant. Ce faisant, ces enfants passent complètement sous le radar.
Ils peuvent éventuellement recevoir un diagnostic de trouble d’apprentissage s’ils se heurtent à un mur lorsqu’ils atteignent les classes supérieures et que les attendus augmentent, mais a contrario, ils peuvent ne jamais recevoir le diagnostic et le soutien dont ils ont en fait besoin. Tout dépend de leur capacité à compenser.
Parfois c’est le handicap qui éclipse la douance
Il y a aussi le cas d’un enfant 2e dont les problèmes éclipsent sa douance.
Il est des exemples ou le trouble de l’enfant n’arrive pas à être compensé par la douance – ou s’exprime d’une manière qui fausse toute détection d’une éventuelle douance. Des troubles du comportement peuvent masquer des capacités très élevées pour la pensée visuelle et spatiale, y compris la perception, l’analyse et la synthèse. Ce qui devrait induire une véritable excellence en mathématiques, en sciences et en ingénierie de manière générale – si tant est que l’enfant puisse être correctement accompagné. Il est donc capital d’apprendre à discerner les causes d’une sous efficience scolaire et ne pas se limiter aux symptômes ( la fameuse sous efficience) .
Doublement exceptionnel : problèmes émotionnels et comportementaux
Le fait de ne pas identifier à la fois les talents et le handicap peut avoir des conséquences émotionnelles et comportementales pour les enfants.
Ils savent qu’ils sont capables de plus, mais quelque chose les retient, et ils ne savent pas vraiment quoi ni pourquoi. C’est pourquoi on observe souvent beaucoup de frustration, d’anxiété et même des troubles du comportement – qui ne sont pas directement liés à leur handicap mais plutôt à la tension entre leur potentiel réel et leur capacité à produire dans la norme – chez beaucoup de ces enfants.
Ils peuvent passer pour des paresseux parce qu’ils sont manifestement brillants mais obtiennent de mauvais résultats dans certains domaines. Ils peuvent faire l’objet de nombreuses critiques de la part des parents et des enseignants : « Tu ne fais aucun effort en maths ! Ce n’est pas parce que tu n’aimes pas le Français, qu’il ne faut pas le travailler » Leur estime de soi en pâtit et ils peuvent finir par souffrir d’une forme de dépression ou commencer à nourrir une phobie scolaire (et alors bonjour les dégâts !).
A l’opposé, ils peuvent aussi se mettre dans une position d’opposition frontale aux enseignants et aux parents. Frustrés par leurs difficultés, ils se comportent de manière atroce, et on les qualifie à tort de caractériels, de tête de mule ou autre. Enfin bref, on les comprend mal.
Attention à ne pas confondre surdouance et troubles !
Les enfants surdoués peuvent avoir des comportements qui ressemblent à ceux du TDAH ou de l’autisme.
L’une des choses que nous savons presque universellement sur les enfants surdoués, c’est qu’ils sont intenses. S’ils aiment les dinosaures, ils mangent, boivent, vivent des dinosaures. S’ils aiment les mathématiques et les facteurs, et bien ils adorent ça : ils boiront, mangeront et joueront sous une forme mathématique. De même, s’ils s’intéressent aux luttes de pouvoir, au pouvoir de manière générale notamment via la rivalité entre frères et sœurs; alors votre douce maisonnée prend des airs de champs de bataille.
Cette intensité peut rendre très frustrante l’intégration dans une classe ordinaire. Les recherches indiquent que pour la plupart des enfants surdoués, entre un quart et la moitié du temps de classe ordinaire est consacré à attendre que les autres rattrapent leur “retard”. Si vous êtes assis là et que votre esprit est en train de s’agiter intensément, vous risquez d’être perçu comme étant hors sujet, agité, interrompant les autres – bref des comportements classiques qui s’apparentent au TDAH. Mais en l’occurrence, pas de TDAH; mais de l’ennuis. Un profond ennui.
Vous vous imaginez vous à passer un quart ou la moitiée de la journée à attendre le métro ? Car c’est à cela que ressemble une journée de classe ordinaire pour un petit surdoué. Il attend que le train avance….
Il est également facile de diagnostiquer à tort les enfants surdoués comme faisant partie du spectre autistique.Car les enfants surdoués semblent être plus bizarres que les autres enfants.
Ils peuvent être tout simplement hypersensibles aux stimuli, ce qui leur fait éviter les lumières vives, le bruit et les foules. La combinaison d’une surexcitabilité et d’un avancement intellectuel peut les rendre incompatibles avec leurs camarades immatures, bruyants et turbulents. Ils ne jouent tout simplement pas bien avec les autres.
En réaction, ils essaient de structurer leur monde de manière rigide pour se rassurer – engendrant des difficultés à passer d’une tâche à l’autre.
Or tous ces comportements sont ceux que l’on rencontre souvent dans le spectre autistique. Mais la, pas d’autisme; juste l’hypersensibilité qui les sature d’informations….
Mais bien sûr, un enfant peut aussi être 2e – à la fois surdoué et atteint de TDAH ou d’autisme.
Comment identifier les enfants réellement 2e ?
Les enseignants et parents doivent se familiariser avec le concept de double exceptionnalité. L’un des grands mythes au sujet des enfants surdoués est qu’ils seront aussi doués dans tous les domaines, ou très proches d’une forme d’universalisme de compétences..
Un souci néanmoins, c’est qu’il n’existe pas vraiment de définition universellement reconnue de la « douance ». Même en ce qui concerne les capacités intellectuelles générales, car la douance, dans sa définition la plus pure, ne se limite pas au potentiel intellectuel. Elle peut tout autant faire référence à des capacités extraordinaires dans la pensée créative, que dans des domaines académiques spécifiques, ou dans le fonctionnement psychomoteur ou bien encore dans l’esthétisme.
Pour comprendre ce dernier point, je vous renvoie à mon article : comprendre les surdoués; qu’est ce que la douance ?.
Ce qu’il faut retenir ici, ce que les experts suggèrent, c’est que lorsqu’un enseignant voit un enfant qui a des résultats tout juste corrects dans certains domaines, mais qui est “prodigieux” dans un ou deux domaines, ou qui a des résultats exceptionnels dans tous les domaines sauf un, il devrait systématiquement être orienté vers un test de Wechsler (la référence des test de QI pour détecter la précocité en France).
Bref, souvenez vous que la meilleure façon de détecter une double exceptionnalité est de procéder à une évaluation neuropsychologique.
Les évaluations neuropsychologiques sont vraiment le meilleur moyen de comprendre le profil complet des forces et faiblesses cognitives et scolaires d’un élève,pour “individualiser” son programme d’études, ce dont ces enfants ont vraiment besoin.Ceci dit attention, on est en France quand même et l’Education Nationale n’est pas une bonne élève en matière de traitement réservés aux surdoués en général, et des surdoués 2e en particulier. Il faudra probablement vous battre pour obtenir ce que d’autres pays comme les Etats Unis considéraient comme “la base des fondations du strict minimum”… Et arriver à concilier une avance de plusieurs années en maths, mais un retard d’une année en lecture.
Une fois identifié , le défi de l’éducation des doublements exceptionnels
Votre plus grand défi sera de devoir choisir entre deux choses :
- cultiver et challenger les capacités intellectuelles ou l’enfant excelle
- l’aider à répondre à ses besoins spécifiques liés à son handicap.
car à ma connaissance, les deux ne sont généralement pas proposés en même temps.
Une façon d’essayer d’obtenir l’enseignement individualisé dont ces enfants ont besoin est de les placer dans des classes plus âgées pour les matières dans lesquelles ils excellent mais en prévoyant un tutorat spécifique pour leur matière faible. Est-ce une bonne solution ? En fait, cela peut être délicat car ils n’ont pas forcément la maturité nécessaire pour faire leurs devoirs et répondre aux exigences sociales de cette moyenne d’âge. Dans certains cas, les parents peuvent opter pour des écoles privées, avec des classes plus petites et/ou des programmes adaptés aux forces et aux faiblesses de chaque élève. Mais bien sûr ces établissements – souvent hors contrat – sont chers. Extrêmement chers.
Autre solution, offrir beaucoup “d’enrichissement” en dehors de l’école. Multiplier les activités extra-scolaire pour nourrir les matières fortes de l’élève – tout en gardant un contact étroit avec les enseignants pour que ceux-ci en prennent compte dans leur enseignement. Mais pour le coup c’est au bon vouloir de l’enseignant.
Pour ce qui est de l’Éducation Nationale, elle est -disons le directement – très en retard sur ce sujet.
En fait, elle est tellement en retard que la surdouance n’a été vraiment reconnue que très récemment. Avant on parlait de simple précocité : un élève en avance quoi. Pas de quoi en faire un drame, s’il est en avance cela ne veut pas dire qu’il est différent. S’il n’est pas différent alors pas de différence. Si pas de différence, alors en classe comme tout le monde !
Désormais, l’Education Nationale semble accepter que tous ses élèves ne sont pas des clones et qu’il existe des Haut-Potentiels. D’où d’ailleurs un changement de terminologie pour ces élèves qui d’Enfant Intellectuellement Précoce (EIP) deviennent des EHP (Enfant Haut Potentiel) dans le vademecum publié par Eduscol sur la thématique de la scolarisation des enfants surdoués . Ca peut paraître anodin, mais dans l’Institution, c’est une véritable révolution intellectuelle : tous les enfants n’ont pas le même potentiel.
Et je vous laisse apprécier le changement d’état d’esprit en vous restituant un extrait de la préface de Jean Marc Huart :
“L’Ecole doit accueillir tous les élèves, sans aucune distinction. Pour que cette école devienne pleinement inclusive, nous avons à cœur de la faire évoluer, afin que tous les élèves à haut potentiel puissent s’y développer et s’y épanouir.
Le projet de loi pour une école de la confiance offre un cadre plus précis à cette question dans le code de l’éducation. Les élèves « à haut potentiel », et non plus « intellectuellement précoces », se verront proposer des « aménagements appropriés », selon le rythme d’apprentissage de l’élève, pour y « développer pleinement leurs potentialités ». Si la loi fixe un cadre national, il nous appartient ensuite de mettre en œuvre toutes les dispositions nécessaires pour aider les familles et les enseignants, non seulement à repérer les enfants à haut potentiel, mais aussi à les accompagner le mieux possible. C’est pourquoi je vous propose ce vademecum.”
Voilà qui ouvre la voie à des traitements spécifiques pour les surdoués mais aussi les élèves doublement exceptionnels – qui sont cités en annexe comme devant faire preuve d’un soutien spécifique et approprié !!!
Ouahhh ca change , reste à voir comment les écoles en tiendront compte.
L’importance de trouver des soutiens pour accompagner son petit 2e
Obtenir un soutien peut aider les enfants doublement exceptionnels à atteindre leur plein potentiel, tant sur le plan scolaire que sur le plan émotionnel.
Lorsque les enfants doublement exceptionnels sont identifiés et soutenus, ils peuvent mieux réussir à l’école et avoir une meilleure estime d’eux-mêmes.
Si les parents sont bien informés de ce qui se passe avec l’enfant, si les enseignants comprennent vraiment qu’il s’agit d’un enfant brillant qui n’a qu’un ou deux points faibles (même s’ils sont sacrément faibles), cela peut influer sur la façon dont les enseignants parlent à l’enfant, sur la façon dont ils lui enseignent.
D’où l’importance de s’orienter vers un dépistage et se faire soutenir par des psychologues spécialisés (se référer aux associations soit de surdoués soit des parents d’enfants Dys ou autistes. Il y en a plein en France)
Une autre façon d’aider les enfants en difficulté, est de leur faire savoir que les choses vont s’arranger. Les années de la maternelle à la terminale seront les plus difficiles de la vie de l’enfant, car il doit suivre toutes les matières de base. Mais lorsqu’ils partent à l’université, ils peuvent choisir les cours dans leurs domaines de prédilection. Après cela, ils peuvent choisir des carrières qui correspondent à leurs points forts à nouveau et vraiment briller là aussi. alors oui c’est long; mais il y a un bout au tunnel. Et donc de l’espoir. Et l’espoir fait vivre.