Comment faire de l’hypersensibilité votre plus grande compétence ?

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Quand on est consciencieux et motivé, il est naturel de réfléchir profondément aux situations. Cependant, pour de nombreuses personnes – en particulier les personnes hypersensibles, la réflexion peut rapidement tendre à la « surréflexion » et, tout aussi rapidement, se transformer en une anxiété paralysante et un stress qui bloque votre productivité et votre créativité. Environ 15 à 20% des personnes en Europe sont très sensibles, ce qui signifie qu’elles ont un système nerveux plus finement calibré. Cela signifie qu’environ une personne sur cinq s’identifie plus profondément à la pensée et aux sentiments, parfois même leur empathie jour de façon écrasante : Ils sont « hypersensibles »

Les Hypersensibles : Forces, Faiblesses et Égarements…

Elaine Aron, la psychologue qui a inventé ce terme dans les années 1990, a observé que les personnes hautement sensibles sont facilement surstimulées et réactives émotionnellement, qu’elles traitent l’information de manière complexe et qu’elles sont très conscientes des subtilités d’une manière que les personnes non sensibles ne le sont généralement pas.

Des études ont également montré que sur le lieu de travail, les hypersensibles sont confrontés à un ensemble unique de défis :

  • Les employés qui sont très sensibles subissent un niveau de stress professionnel plus élevé que les personnes qui ne sont pas très sensibles
  • Ils ont plus de difficulté à « tourner la page de leur journée » : les émotions des autres les poursuivent jusque dans leur lit, la ou une personne normalement sensible oublie sa journée dans le métro. Par exemple, il a été démontré que les dentistes très sensibles sont particulièrement sujets à l’épuisement professionnel et plus touchés par la douleur des patients que les dentistes qui n’ont de syndrome d’hypersensibilité.
  • Ces mêmes hypersensibles courent même un danger inattendu : pour se protéger de leur sensibilité, ils peuvent devenir (très) toxiques / agressifs ! En étant sensibles aux émotions des autres, ils sont beaucoup plus facilement touchés par les critiques et peuvent se transformer en des personnes nuisibles par volonté de se protéger (attaque en premier pour éviter toute attaque) ou par frustration… Vraiment !

Pourtant la sensibilité n’est pas une faiblesse. En fait, c’est une force, et elle est corrélée à des comportements porteurs de performance comme la conscience de soi, l’empathie, la loyauté et la diligence (N’oublions pas la première leçon de management « Connait-toi toi-même ».

Cependant, afin de tirer parti de ces avantages, il est essentiel de compenser les inconvénients de l’hypersensibilité, notamment la tendance à trop réfléchir.

Voici comment éviter le syndrome d’hyper-analyse, d’inquiétude inutile et d’imposture qui accompagne souvent le fait d’être un PSS au travail.

Reconnaître les pensées inutiles lorsqu’elles se produisent

La surréflexion est motivée par un discours négatif sur soi-même, ce qui, en psychologie, est plus connu sous le nom de distorsions cognitives. Les distorsions cognitives sont des croyances automatiques mais irrationnelles qui renforcent les émotions négatives et vous maintiennent bloqué dans une boucle mentale. La pensée « tout ou rien » peut ressembler à « je dois être parfait, ou je suis un échec total ». Et si vous sautez aux conclusions, vous pourriez vous dire : « Il n’a pas répondu à mon e-mail. Je sais qu’il me déteste. » Il est probable que ce type de pensées suscite un sentiment de familiarité. Elles peuvent même être apaisantes d’une certaine manière, car vous vous êtes habitué à cette habitude. Il vaut la peine de prendre le temps de réfléchir plus profondément et d’étiqueter les distorsions cognitives lorsqu’elles surviennent. Essayez de prendre une seconde, de faire une pause et de vous reconnaître : « C’est une pensée inutile. »

Nommer et recadrer les pensées

Quelles sont les pensées qui occupent généralement votre esprit lorsque vous glissez dans la surréflexion ? Les histoires que vous vous racontez peuvent ne pas refléter la vérité.

Ensuite, pour recadrer consciemment ces pensées inutiles, essayez de trouver une alternative plus positive. Ma technique de recadrage préférée est celle que j’appelle la « règle des cinq ». Lorsque la surréflexion vous saisit, faites une pause, regardez votre main et réfléchissez à cinq autres façons d’envisager la situation. Comptez les possibilités sur chacun de vos doigts. Posez-vous la question : Si je savais que tout allait s’arranger, comment mon point de vue changerait-il ? Quels sont les autres angles que je n’ai pas encore envisagés ?

L’utilisation de la règle des cinq vous permet de passer d’un discours inutile à un discours neutre, voire équilibré. Choisir consciemment une pensée plus généreuse vous permet d’aller de l’avant au lieu de simplement vous en remettre à vos anciens mécanismes de réponse bien ancrés, de sorte que vous pouvez aborder les situations et vous-même avec plus d’équanimité.

Trouver un exutoire

Vous pouvez essayer de faire face à une réflexion excessive en vous disant « arrêtez de vous inquiéter autant » ou « passez à autre chose et passez à autre chose ». Si vous avez essayé cette approche, vous savez de première main qu’elle ne fonctionne pas. Essayer de réprimer vos pensées, c’est comme essayer de tenir un ballon de plage sous l’eau.
Le ballon va continuer à essayer de se forcer à la surface, et finalement il fera un grand plouf. Il faut plutôt créer un exutoire pour vos pensées. Beaucoup de mes clients trouvent la pratique du « temps d’inquiétude » très bénéfique. Pour faire simple, ils désignent un court bloc de temps pour ne rien faire d’autre que de déverser leurs préoccupations. Une fois qu’ils sont tous sortis, ils peuvent agir de manière constructive.

Gérer la stimulation

Il est impossible de penser clairement quand on est stressé et accablé. C’est vrai pour tout le monde, mais surtout pour les personnes sensibles qui sont plus facilement surstimulées. Une solution rapide consiste à ajouter un temps tampon dans votre emploi du temps. Évitez de vous précipiter dans les réunions lorsque vous le pouvez. Créez un intervalle de 15 à 20 minutes entre les rendez-vous sur votre calendrier pour vous donner le temps de décompresser.
Si vous êtes dans un rôle de direction, optez pour un modèle d’horaires de bureau plutôt que pour une politique de portes ouvertes. Fixez des heures où les membres de l’équipe peuvent passer ou prévoyez du temps sur votre calendrier, au lieu de vous interrompre à volonté et d’augmenter votre stress.

N’oubliez pas que penser et ressentir profondément est un cadeau. Avec un simple recalibrage vous pouvez exploiter votre profondeur mentale pour la force qu’elle représente.

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