Pour aider son ado précoce : avez vous pensé au mentorat ?

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Le terme de mentorat provient de la mythologie grecque. Lorsqu’Ulysse est parti en voyage, il a demandé à son ami de confiance, Mentor, de prendre soin de son fils, Télémaque, et de le guider vers l’âge adulte.

De nombreuses études ont été réalisées sur les avantages du mentorat pour les surdoué(e)s. Et d’ailleurs, lorsque nous lisons les biographies de personnes qui ont surmonté de grands obstacles à l’apprentissage et à la réussite, il y a invariablement un mentor : un parent, un enseignant, un ami ou un proche qui a vu au-delà du handicap – physique, émotionnel, social ou économique – et a dit « Mais si, tu peux le faire ».

Cette expérience du mentorat est particulièrement précieuse pour les Ados précoces. En effet, à cet âge, le jeune ado a besoin de construire une identité propre différente de celle de ses parents. En conséquence, le rôle du parent-mentor s’efface et votre positionnement par rapport à votre adolescent surdoué doit évoluer. Trouver à l’adolescent un autre référentiel identitaire qui le mette sur une voie saine, devient alors une question critique. 

Ulysse demande à son ami Mentor de guider Télémaque vers l’âge adulte

L’une des expériences les plus précieuses qu’un étudiant surdoué puisse vivre est l’exposition à un mentor. Car celui-ci est prêt à partager ses valeurs personnelles, un intérêt particulier, son temps, ses talents et ses compétences. Lorsque l’expérience est correctement structurée et que le mentor correspond bien à l’étudiant, la relation peut apporter à la fois au mentor et à l’étudiant des encouragements, de l’inspiration, de nouvelles perspectives et bien d’autres gratifications.

Pourquoi un mentorat pour les Ados Précoces ?

En raison de leur asynchronie, ils peuvent se sentir en décalage avec les camarades de leur âge. Le contact et le partage d’expériences avec un enfant plus âgé ou un adulte partageant les mêmes idées peuvent renforcer leur sentiment d’appartenance et leur estime de soi.

Le potentiel multiple pose des problèmes de planification des études et de la carrière. Ils ont souvent du potentiel dans de nombreux domaines et ont de ce fait des difficultés à choisir une orientation professionnelle. La possibilité de passer du temps à découvrir quelques domaines de spécialité ou d’échanger sur certains centres d’intérêt peut les aider à choisir.

Ils peuvent provenir de milieux socio-économiquement défavorisés. La présence d’un mentor peut contribuer à renforcer la confiance en soi et les aspirations, car les jeunes adolescents ont une idée préconçue du style de vie associé à la profession du mentor et du parcours éducatif qui y mène. En outre, cela pourrait les aider à trouver des stages ou des bourses d’études.

Ils peuvent trouver l’école tout à fait ennuyeuse et sans intérêt. Un aperçu de l’expérience de la vie réelle peut leur donner le sens du défi et la motivation dont ils ont besoin pour se concentrer et réussir. Les parents remarquent souvent que les mentors ont un “effet de maturation”. Les élèves développent soudain une vision de ce qu’ils peuvent devenir, trouvent un sens et donc une orientation et concentrent leurs efforts pour ce nouvel objectif.

Des études ont montré que les filles, en particulier, réussissent mieux lorsqu’elles sont encadrées. 15 ans après l’étude de Kaufman, les femmes dont la rémunération était égale à celle de leurs homologues masculins, avaient toutes eu au moins un mentor.  Les filles surdouées concentrent souvent leurs capacités sur l’éducation des autres. Il faut veiller à ce qu’elles ne soient pas cantonnées dans des rôles d' »assistantes », car cela peut impacter leurs aspirations et leurs projets professionnels.

Pour mentorer les surdoués : lui trouver un “grand frère” à l’école ?

Il peut s’agir d’enfants plus âgés mentorant les plus jeunes à l’école primaire ou secondaire. Cela peut être bénéfique pour un enfant plus jeune qui a des difficultés à s’intégrer à l’école ou à interagir avec des camarades de son âge. Cela permet au jeune enfant d’avoir un modèle « cool » et à l’élève plus âgé d’avoir un sentiment de responsabilité et d’estime de soi.

 En outre, les surdoués étant différents; ils sont plus souvent sujet au harcèlement scolaire. Le mentorat à l’école constituerait une ressource pour l’enfant plus jeune en cas de harcèlement : il peut être plus facile de parler à un camarade de classe plutôt qu’à un enseignant.

Le mentorat académique : l’enseignant au secours de l’élève

Mentorat enseignant-élève : Cela peut se faire dans le cadre d’un programme de mentorat officiel géré par l’école ou de manière informelle, par exemple lorsqu’un enseignant s’intéresse à un élève en particulier et l’aide à progresser dans son domaine d’expertise. Non seulement cela permet à l’élève d’explorer des idées plus en profondeur que ce que prévoit le programme scolaire, mais cela lui donne un sentiment d’appartenance, d’appréciation et d’estime de soi. L’école devient ainsi un centre d’intérêt et représente dans son affect un atout pour réussir. En outre, sur la base de ce mentorat, d’autres valeurs peuvent être apportées : sens de l’effort, apprendre à mieux gérer sa sensibilité etc etc.

L’enseignant en question n’est pas nécessairement l’un des professeurs habituels de l’enfant, mais quelqu’un qui a un intérêt commun. Si vous êtes enseignant , je vous recommande d’ailleurs cet article qui traite de la difficulté d’enseigner aux petits surdoués

Mentorat professionnel, l’importance des stages pratiques

Il permet à un élève d’acquérir une expérience concrète d’une carrière particulière dans le domaine de son choix : nouvelles technologies, droit ou commerce : bref un focus sur une profession ou l’exercice d’un art. Il permet à l’étudiant de voir ce qu’est réellement une carrière particulière plutôt que de l’imaginer. Cela permet aussi de voir que l’adulte qui exerce cette activité n’est pas forcément un surhomme et qu’il peut donc y arriver aussi.

 Il peut s’agir d’une aide à court terme pour la planification de la carrière, ou d’une aide à long terme pour aider un élève surdoué ou un jeune adulte à se développer dans la perspective d’une carrière.

C’est d’ailleurs souvent quelque chose qui fonde le succès des écoles de commerce qui ont un “gros” temps d’avance sur l’université française à ce propos.

Mais le mentorat peut prendre toutes les formes

Il peut s’agir simplement d’un enfant qui développe une relation avec un ami, un parent ou un voisin qui s’avère avoir un intérêt ou un passe-temps que l’enfant trouve fascinant.

Pour les filles, des femmes professionnelles qui viennent à l’école lors de la journée d’ orientation ou en intervenant dans un cours spécifique afin de casser les mythes de la femme au foyer. C’est particulièrement important pour les surdouées, celles-ci faisant l’objet de contraintes sociales spécifiques qui sont particulièrement néfaste dans le cadre de la douance. 

Pour trouver un mentor, explorer la piste du bénévolat.

Un autre domaine connexe est celui du bénévolat. Même dès leur plus jeune âge, les enfants surdoués peuvent se passionner pour des questions telles que la guerre, la pauvreté, la famine, la malhonnêteté et la cruauté. Ce sont des idéalistes dotés d’un sens aigu de la justice morale et sociale. Ils finissent par se rendre compte que peu d’adultes semblent aussi concernés et peuvent se sentir impuissants à influencer un quelconque changement. En fin de compte, cela peut aboutir à une dépression existentielle.  Le bénévolat peut être un excellent exutoire pour ces enfants, car la plupart des personnes impliquées dans des causes sociales ont aussi une dimension si ce n’est idéaliste; en tous cas engagée. Et un enfant surdoué aura probablement le sentiment que quelqu’un d’autre comprend vraiment ses sentiments et que ses idéaux sont partagés par d’autres. 

En conclusion : Intégrer le mentorat au projet éducatif français ?

Lorsqu’ils entrent dans l’adolescence, il devient plus difficile pour un parent de remplir le rôle de mentor. C’est une période où nos enfants ont besoin de trouver leur propre identité, de se détacher de leurs parents et de devenir des individus indépendants. Pour permettre cela, il n’est pas toujours approprié pour les parents de vouloir se positionner en mentor. Ces enfants peuvent également avoir dépassé leurs parents et leurs enseignants en termes de connaissances dans leur domaine d’intérêt. Car oui; ils sont surdoués !

Ce serait un projet très intéressant d’étudier l’idée de mettre en place une ressource coordonnée de mentorat. Nous pourrions élaborer un dossier d’information pour conseiller les écoles sur la manière d’encourager le mentorat. Car au final, c’est un moyen très peu coûteux de soutenir les enfants surdoués. Nous pourrions également envisager de développer des contacts avec certaines entreprises et universités pour des programmes plus formels qui pourraient être mutuellement bénéfiques.

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