Comment guérir la dysgraphie ?

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Si vous ou votre enfant venez de recevoir un diagnostic de dysgraphie, un trouble de l’apprentissage qui affecte l’écriture et la motricité fine, la prochaine étape consiste à rechercher des aménagements à la maison ou sur le lieu de travail. Selon le type de dysgraphie – spatiale, motrice ou dyslexique – l’ergothérapie peut également être utile. Mais ne vous trompez pas : on ne guérit pas la dysgraphie, on s’adapte à elle. Mais on peut bien s’adapter pour en éprouver le moins de gêne possible.

Comme je le disais, il n’existe pas de remède à la dysgraphie, et les médicaments ne sont d’aucune utilité. Mais les problèmes liés à l’écriture et à la motricité fine peuvent être amoindris – surtout si l’on commence tôt. De plus, la compréhension des parents, des enseignants, des manager et des amis peut être essentielle pour renforcer l’estime de soi potentiellement atteinte par ce mal handicapant. En outre, elle fournira le soutien dont les adultes et les enfants vivant avec la dysgraphie ont besoin pour réussir. Accompagné par un professionnel, n’hésitez donc pas à en parler

[Pour mieux comprendre la dysgraphie  : Qu’est ce que la Dysgraphie ? Signes, Typologies et Causes]

Remédier à la Dysgraphie à l’école

La chose la plus importante que l’école de votre enfant puisse faire pour l’aider à gérer ses symptômes de dysgraphie est de le soulager le plus possible de l’acte d’écriture. Soit en exigeant moins d’écriture de manière générale. Soit en autorisant des alternatives comme la dactylographie (en bref écrire sur un PC) ou les exposés oraux. Voici quelques changements utiles à apporter en classe :

Permettez à l’élève de prendre plus de temps pour les examens et devoirs. Les élèves dysgraphiques mettent plus de temps à former les mots et les lettres – ou même à remplir cases d’un QCM – ce qui signifie qu’un temps supplémentaire réduira leur stress et leur permettra de mieux démontrer ce qu’ils savent. L’Education Nationale accorde des tiers temps pour les petit dys qui ont été diagnostiqués et possèdent donc une reconnaissance de Handicap

Fournissez des feuilles de travail déjà rédigée. Plutôt que de demander aux enfants de recopier les problèmes écrits au tableau – ce qui peut désavantager les élèves dysgraphiques – les enseignants devraient imprimer des feuilles de travail à l’avance et les distribuer à toute la classe.

– Supprimer la propreté comme critère de notation. Au moins pour l’élève dysgraphique. Des notes diminuées pour une écriture désordonnée peuvent frustrer un enfant dysgraphique et lui donner l’impression que ses efforts sont inutiles. Si l’écriture de l’enfant est absolument illisible, il peut être nécessaire pour lui de passer à un logiciel de traitement de texte. Mais sachez reconnaitre l’effort de l’enfant au-delà du résultat : étant dysgraphique il n’écrira jamais vraiment bien. 

– Réduisez la longueur des devoirs écrits. Dans les cours de mathématiques ou de sciences, tâchez de réduire le nombre d’exercices à résoudre tout en maintenant le niveau..

Fournir à l’élève le script du cours pour pallier aux difficultés de prise de notes. Si cela n’est pas possible, les enseignants peuvent autoriser un autre élève à partager ses notes de cours. Cela jouera en plus sur la solidarité au sein de la classe.

Permettez aux élèves de remplacer les phrases complètes par des « mots clés », dans la mesure du possible. Cela évite de perdre du temps à se battre avec l’écriture, tout en donnant à l’élève la possibilité de répondre correctement à la question.

– Créez des alternatives orales aux travaux d’écriture. Cela peut signifier autoriser une version orale des examens ou remplacer une courte feuille de travail courte interro par un résumé oral rapide de la leçon à la fin de la journée.

– Permettre quelques erreurs d’orthographe. Dans la mesure du possible, les enseignants doivent autoriser l’utilisation d’un dictionnaire ou d’un correcteur d’orthographe.

– Utilisez des aménagements physiques. Il peut s’agir de poignées de crayon, de stylos effaçables et de papier avec des lignes en relief, qui aident tous les élèves dysgraphiques à travailler leur écriture. Le papier millimétré, qui fournit des indications visuelles pour espacer les lettres et les chiffres, est également utile.Voyez avec les parents s’ils peuvent en fournir à l’élève et tolérez que les devoirs soient rendus avec ce support – au moins pour le petit dysgraphique.

– Permettez aux élèves d’utiliser des ordinateurs équipés de logiciels de traitement de texte, dans la mesure du possible. Quitte à imprimer ensuite le devoir ou vous l’envoyer par email.

Comment remédier à une dysgraphie à la maison ?

Dans les premières années de scolarité, il est important que vous travailliez en tandem avec les maîtres et professeurs de votre enfant. Et ce afin de définir ensemble la stratégie pour l’aider à améliorer son écriture à la maison et mieux l’articuler aux efforts qui seront faits à l’école. Voici plusieurs façons d’y parvenir :

– Enseignez la dactylographie. Il s’agit d’une stratégie absolument vitale pour tout enfant souffrant de dysgraphie. Investissez dans un programme de dactylographie pour enfants réputé, tel que Tap Touch Garfield, ApprentClavier, ou Paralphabet et enfin TappeVite pour gagner en vitesse de frappe (niveau plus avancé). Vous trouverez une liste sérieuse ici.  Récompensez votre enfant lorsqu’il s’exerce sur l’ordinateur, même si ce n’est que dix minutes par jour.

– Aidez votre enfant à bien tenir son crayon ou son stylo. Dans les situations où il n’est pas possible de taper au clavier, il est important que votre enfant tienne correctement son crayon. Même s’il ne voit pas l’intérêt de changer sa manière de faire, une prise correcte réduira la fatigue de la main et la pression du crayon, ce qui signifie que l’écriture sera plus facile et moins douloureuse. De nombreux types de poignées de crayons sur le marché aujourd’hui renforcent la prise en main « tripode » que les enfants devraient utiliser. Vous pourrez retrouver sur le site materieldys.com des stylos conçus et testés par des ergothérapeutes – comme ce stylo ergonomique par exemple (Ceci n’est pas un lien d’affiliation – ce blog n’a aucun lien économique avec ce site. Il est donc donné à titre d’exemple).

– Encouragez votre enfant à dicter des phrases dans un magnétophone avant de les écrire. Cela lui permettra de tirer parti de ses capacités d’expression orale et de se concentrer uniquement sur la formation des lettres, sans se préoccuper de la grammaire et de la syntaxe lorsque viendra la phase de l’écriture.

– Soyez un scribe pour votre enfant. Presque tous les enfants atteints de dysgraphie refusent de faire des devoirs qui impliquent d’écrire, ce qui fait que même des devoirs simples peuvent prendre des heures. Pour que votre enfant soit plus disposé à écrire, soulagez-le en acceptant d’écrire à sa place – dans une certaine mesure, bien sûr. Lorsque vous écrivez un paragraphe, par exemple, vous pouvez écrire la première phrase au fur et à mesure que votre enfant la dicte, et votre enfant peut écrire la phrase suivante – et ainsi de suite, jusqu’à ce que le devoir soit terminé. Cela réduit le temps consacré aux devoirs, soulage votre enfant et l’oblige à anticiper la prochaine phrase et à planifier ses pensées en conséquence.

– Invitez votre enfant à prononcer les mots au fur et à mesure qu’il les écrit. La rétroaction auditive fait appel à diverses zones du cerveau, ce qui aide les élèves à rester concentrés et à contrôler leurs efforts.

– Faites des exercices de formation des lettres (en caractères d’imprimerie et en cursive). Les lettres n’ont pas besoin d’être parfaites. Elles doivent, au minimum, être assez cohérentes et lisibles. Veillez à ce que votre enfant forme toujours les lettres en partant du haut et non du bas – un piège fréquent pour les petits dysgraphiques apprenant l’écriture.

– Faites des exercices multi-sensoriels. Demandez à votre enfant d’écrire dans l’air, dans le sable ou avec son doigt trempé dans de la gouache (ou autre peinture à l’eau pas trop chimique). Cela permet de « sentir la lettre » et de se constituer un souvenir basé sur sa forme.

– Gardez les lettres à l’intérieur des lignes en écrivant sur du papier à lignes et marges plus visibles (voir des lignes en relief si vous en trouvez). Ce type de papier aidera votre enfant à se rendre compte de l’espacement des lignes, ce qui facilitera l’écriture.

– Développez la mémoire musculaire des doigts. Demandez à votre enfant de faire marcher son pouce, son index et son majeur de haut en bas sur une baguette posée sur une surface plane, aussi vite que possible. Seuls les trois doigts de préhension doivent toucher la baguette.

Comment remédier à une dysgraphie : au travail

Même si vous avez appris à compenser la dysgraphie à l’âge adulte, les aménagements au travail peuvent encore faire une grande différence dans votre productivité et votre satisfaction professionnelle globale. Voici quelques exemples d’aménagements possibles :

Permettre l’utilisation de matériel de référence. Un logiciel avancé de vérification orthographique et d’écriture prédictive (une sorte de T9 de nouvelle génération, bref un logiciel qui termine les mots voir les phrases tout seul) – peut rendre les compositions quotidiennes plus faciles et plus lisibles.

– Demandez à un collègue ou à votre manager de relire les documents écrits importants avant de les envoyer. Dans les cas où des fautes d’orthographe ou de grammaire seraient perçues comme « non professionnelles », le fait que quelqu’un d’autre vérifie vos écrits avant leur distribution peut aider une personne atteinte de dysgraphie à gérer l’anxiété liée à l’écriture. Bien sur tout le monde n’a pas assez de temps pour tout relire. Gardez cette option 

– Utilisez un logiciel de synthèse vocale. Read & Write  pour chrome par exemple peut aider les employés à utiliser leurs compétences d’orateurs pour les aider à rédiger un e-mail ou un rapport.

– Permettez à l’employé de répondre oralement aux questions ou aux instructions. Dans la mesure du possible, la communication orale doit être privilégiée par rapport à la communication écrite.

– Fournissez des aides à l’écriture. Des poignées de crayon, du papier ligné en gras ou d’autres outils peuvent aider les adultes atteints de dysgraphie à gérer le processus physique de l’écriture.

– Créez des versions informatisées des formulaires courants. Si une personne atteinte de dysgraphie doit fréquemment remplir des documents, demandez-lui s’il est possible de les transférer dans un fichier PDF remplissable et de les taper au lieu de les écrire à la main.

Traiter la dysgraphie par la thérapie

Vous ou votre enfant pouvez également bénéficier d’une thérapie avec un ergothérapeute, en particulier si vous avez beaucoup de mal à maîtriser la motricité fine nécessaire à l’écriture. L’ergothérapie est le plus souvent utilisée pour traiter la dysgraphie chez les enfants, mais certains ergothérapeutes travaillent également avec les adultes.

L’ergothérapie peut inclure la manipulation de différents matériaux pour renforcer la force de la main et du poignet, des exercices de formation de lettres et la pratique de l’écriture cursive, qui peut être plus facile que l’impression. Des mouvements répétitifs simples, comme retirer les chevilles d’un tableau et les remettre en place, peuvent aider une personne dysgraphique à renforcer ses doigts, ce qui rendra l’écriture plus facile et plus intuitive.

Les adultes dysgraphiques qui n’ont pas été diagnostiqués pendant l’enfance peuvent éprouver des sentiments de honte ou de colère non résolus liés à ce trouble et avoir intérêt à consulter un psychothérapeute pour parler de ces émotions complexes. Quel que soit l’âge, il est important que les personnes atteintes de dysgraphie reconnaissent qu’il n’y a pas lieu d’avoir honte de ce trouble, et la psychothérapie peut être bénéfique pour gérer la colère latente et renforcer l’estime de soi.

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