Comment se comporter avec un Asperger adulte ?

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Avez-vous un membre de votre famille, un voisin, un collègue de travail, un camarade de classe ou un “pote du rugby »  qui fait partie de la grande famille des aspis ? Si c’est le cas, vous pouvez trouver qu’il est difficile, parfois, de communiquer clairement avec cette personne. Bien qu’il n’y ait pas deux aspis qui aient le même profil (comme tout un chacun au final), ces conseils vous permettront d’établir une communication claire et des attentes réalistes et d’éviter la surcharge sensorielle.

Chers aspi je ne vous oublie pas non plus, et vous donnerai en fin d’article quelques conseils pour que vous puissiez aussi faire votre part du chemin vers la bonne communication entre neurotypique et asperger.

Comprendre la réalité de l’adulte Asperger

Un éventail de réussites et de difficultés

Le syndrome d’Asperger peut signifier qu’une personne fonctionne très bien dans certains domaines et moins bien dans d’autres. Peut-être qu’une personne réussit très bien au travail parce qu’elle est extrêmement brillante et qu’elle est bien adaptée à son travail. Par exemple, un employé atteint du spectre autistique peut réussir parce que l’environnement de travail ne surcharge pas ses sens et ne l’oblige pas à faire plusieurs tâches à la fois, ou parce que les contacts sociaux au travail sont minimes ou très structurés, avec des attentes claires, ou parce que les personnes au travail le soutiennent, sont accommodantes ou ont des personnalités similaires/compatibles. 

[N’hésitez pas a consulter notre article principal sur le syndrome d’asperger pour mieux en saisir les subtilité]

Cette même personne peut ne pas avoir ou ne pas savoir comment créer ou maintenir une vie satisfaisante en dehors du travail. Dans notre société, la réussite des adultes est généralement synonyme de succès au travail ; la réussite dans ce domaine peut masquer le fait qu’un adulte éprouve également des difficultés fondamentales qui pourraient s’expliquer par une différence du spectre autistique. Il peut y avoir des personnes qui ne peuvent pas fonctionner dans un environnement de travail, mais qui peuvent entretenir une ou quelques amitiés ou connaissances, prendre la parole en public avec succès et vivre de manière indépendante. 

C’est difficile de s’intégrer !

De nombreux adultes présentant le profil d’Asperger ont appris à passer leur temps à observer leur environnement et les personnes qui les entourent. Ils ont essayé de donner un sens au comportement déroutant de leurs pairs et de comprendre pourquoi les gens leur disaient toujours : « Tu es si intelligent, pourquoi ne peux-tu pas simplement… (remplir le blanc) : aller à une réunion de famille et te comporter (sensoriels, sociaux, anxiété), terminer ce travail (fonctions exécutives, vitesse de traitement), faire ce qu’on te demande (illogique, théorie de l’esprit), dire à un thérapeute ce que tu ressens (dépendance à la pensée plus qu’aux sentiments). 

Grâce à l’observation et aux essais et erreurs (après les erreurs), ils ont réussi à s’adapter jusqu’à l’âge adulte. En effet les asperger se caractérisent souvent par une intelligence supérieure à la moyenne. Certains adultes présentant le profil d’Asperger développent une compréhension du monde qui les entoure, un cadre dans lequel ils s’intègrent ou non ; ils apprennent et appliquent des compétences et des stratégies à utiliser dans des situations particulières, anticipent et gèrent les stimulis sensoriels perturbateurs. Imaginez à quel point il serait épuisant de faire toutes ces choses en se fiant à la cognition et non à l’intuition. 

Néanmoins, après des années de développement de ces compétences et stratégies, un adulte présentant un profil Asperger peut avoir l’air plutôt bien, voire même « passer » – ou presque – pour un NT (neurotypique).

Anxiété et dépression sont courantes

Ainsi, après des années de pratique et d’efforts pour s’intégrer ou trouver une place confortable dans le monde, certains adultes au profil Asperger se sont construit une vie, et beaucoup vivent avec l’inquiétude que tout s’écroule à cause de la précarité de la construction. Travailler si dur pour s’intégrer, pour comprendre ou cacher sa neurologie à un prix très élevé. En plus de l’épuisement mentionné précédemment, il y a souvent une énorme couche de dépression et d’anxiété qui s’ajoute à la condition neurologique de base. C’est déprimant lorsqu’il n’y a pas de place évidente dans le monde à laquelle vous appartenez, lorsque tout le monde semble connaître les règles par cœur et que vous n’avez jamais reçu le manuel.

Les essais et les échecs répétés pour se faire des amis, travailler, vivre de manière indépendante, gérer ses propres affaires et même réussir une thérapie sont des rappels constants du fait que l’on est « moins que » ;  il ne faut pas s’étonner que ces expériences mènent si souvent à la dépression. 

Et pourquoi ne pas être anxieux lorsque « le monde qui se trouve derrière votre porte est effrayant » ? Il est inconnu, imprévisible, plein de gens qui marchent sur le même trottoir que vous, de trains MBTA bondés, de vendeurs qui veulent peut-être vous parler, d’agressions sensorielles et d’une myriade de choses qui échappent à votre contrôle. Lorsque vous n’avez pas la capacité intuitive de généraliser, chaque fois que vous franchissez la porte d’entrée est un nouveau défi. Les personnes plus ou moins neurotypiques n’ont pas besoin de réfléchir en permanence pour fonctionner de manière relativement confortable dans le monde. 

De nombreux adultes présentant le profil d’Asperger fonctionnent à partir d’une base d’anxiété. Confronté aux angoisses supplémentaires qui découlent de la vie dans un monde imprévisible, un adulte présentant ce profil peut paraître très bien dans un contexte et s’effondrer dans un autre.

[A lire aussi : Asperger est il une forme d’autisme ? Oui et Non : les différences entre autistes et asperger]

Les 6 choses à garder en mémoire quand on interagit avec un Aspi Adulte

1. Adressez-vous à cette personne comme à tout autre adulte, et non comme à un enfant. Ne supposez pas que cette personne a des capacités cognitives limitées. C’est tout l’inverse quand on parle d’asperger. Le handicap d’une personne peut être davantage lié au langage et non à sa capacité à comprendre le contenu de la conversation. En d’autres termes, il se peut qu’elle comprenne chaque mot que vous dites, mais qu’elle ait des difficultés à répondre verbalement, car elle doit fournir plus d’effort pour l’interprétation de ce que vous dîtes. la ou un neurotypique doit analyser le sens des mots, l’aspi doit en plus reconstruire le contexte dans lequel ils s’inscrivent afin d’en déduire les émotions qui vous y aurez mis.

2. Évitez d’utiliser des mots ou des phrases trop familiers ou personnels si vous ne l’auriez pas fait avec une autre personne non aspi. Par exemple, des mots comme « chéri » ou « mignon » peuvent sembler dégradants ou irrespectueux pour n’importe qui. N’en rajoutez pas sous prétexte que la personne n’est pas typique. 

3. Dites ce que vous pensez, n’insinuez pas. Lorsque vous interagissez avec un adulte aspi, soyez littéral, clair et concis. Évitez d’utiliser l’argot, les nuances et le sarcasme. Ces formes de communication peuvent prêter à confusion et ne pas être facilement comprises par une personne du spectre autistique.

4. Prenez le temps d’écouter. L’écoute active est une compétence importante lorsqu’on interagit avec des adultes atteints de TSA. En prenant le temps d’écouter, vous leur montrez que vous vous souciez d’eux et que vous les soutenez. Si vous ne comprenez pas ce que la personne dit, posez plus de questions pour clarifier ce qu’elle essaie de transmettre.

5. Si vous posez une question, attendez la réponse. Si quelqu’un ne répond pas immédiatement à votre question, ne supposez pas qu’il ne vous a pas entendu ou compris. Tout comme les adultes normaux, les personnes autistes ou ayant d’autres besoins particuliers ont parfois besoin d’un peu plus de temps pour absorber et traiter l’information avant de vous donner leur réponse.

6. Fournissez des commentaires significatifs. Certains adultes atteints d’asperger peuvent, sans le savoir, communiquer de façon inappropriée.Notamment parce qu’ils n’ont pas l’empathie nécessaire pour calibrer leur langage. Soyez prêt à donner un commentaire spécifique sur ce qui était inapproprié dans la conversation. Un feedback honnête, sans jugement et clair peut aider une personne atteinte de TSA à apprendre à naviguer en toute sécurité dans des interactions sociales complexes.

11 conseils pour accompagner un Aspi au travail

  • Ne supposez pas que vous savez ce dont un Asperger a besoin – demandez-lui.
  • Réfléchissez à ce qu’il a dit pour clarifier ce qu’il veut dire.
  • Donnez immédiatement un feedback positif, par exemple en disant « bien joué » ou « merci d’avoir fait ….. ».
  • Utilisez des termes concrets et spécifiques et moins de mots pour qu’ils puissent comprendre ce que vous dites.
  • Discutez d’un sujet à la fois, demandez une tâche à la fois.
  • Fournissez des images visuelles lorsque vous partagez ou décrivez des informations.
  • Sachez qu’une personne peut avoir besoin de faire une pause, loin du bruit, de la conversation ou de toute autre stimulation sensorielle.
  • Utilisez des listes et des systèmes comme aide-mémoire.
  • Ne confondez pas l’inaction avec la paresse ou le manque d’intérêt.
  • Adoptez une attitude positive face aux erreurs et à l’apprentissage.
  • Faites suivre les discussions verbales d’un résumé écrit (par exemple un courriel ou, en classe, au tableau) dans un langage simple des prochaines étapes ou de ce que vous attendez.

Et enfin pour vous les Aspis : 8 conseils pour la communication

  • Reconnaissez que vous ne pouvez pas faire quelque chose ou que vous ne comprenez pas et dites-le.
  • Restez calme, faites une pause lorsque vous êtes frustré ou anxieux, par exemple en allant aux toilettes. Si vous lisez cet article pour votre enfant, lisez ces conseils pour savoir comment se comporter avec un enfant ou un ado asperger
  • Demandez de l’aide et des conseils si nécessaire – demandez à un ami de confiance de vous servir de conseiller/mentor en communication.
  • Pensez positivement, ne vous offusquez pas immédiatement d’un mauvais alignement des mots, du langage corporel ou du ton de la voix.
  • Vérifiez et demandez ce que votre interlocuteur veut dire afin de maintenir une communication claire.
  • Ne pensez pas au pire, ne confondez pas la frustration ou l’anxiété des autres avec leur colère contre vous.
  • Essayez de prendre conscience de vos déclencheurs émotionnels et de vos facteurs de stress : Les approches d’auto-régulation peuvent vous aider une fois que vous les connaissez.
  • Si vous soupçonnez un harcèlement, demandez de l’aide et parlez-en à quelqu’un dès que possible.

2 réflexions au sujet de “Comment se comporter avec un Asperger adulte ?”

  1. Bonjour, je vous remercie pour cet article. J’ai récemment découvert en observant une copine porteuse de cette pathologie, que l’un de mes frères dont j’ai été proche comme un jumeau durant des années était vraisemblablement autiste asperger : intelligence remarquable, peu de relations suivies, vie en ermite, passions abouties, QI 147, conclusions négatives sur les liens amicaux ou sur les groupes sociaux. Lui a 60 ans mais une dynamique de 50 ans, et j’ai 6 ans de plus que lui. Or les conseils pertinents évoqués dans votre article quant à un meilleur fonctionnement de la relation, je les ai tous utilisés : par bienveillance et peur du conflit (multiples ruptures fracassantes). C’est toujours moi qui suis revenue vers lui, sans aucune excuse de sa part. Je vous avoue que la relation est devenue du funambulisme. Plus jeune, il ne venait pas à « son » anniversaire, et a parfois gâché de jolis rassemblements de Noël en ne venant pas malgré un appel téléphonique « j’arrive ». J’ai beau être flexible, douce et positive, quand on est d’un autre avis il se bloque et parfois (régulièrement) il vrille ! Notre regrettée mère nous conseillait de l’éviter… Nous avons eu longtemps l’impression que cette attitude le confortait dans son comportement pénible pour tous. Alors merci pour votre article que je vais transmettre à notre fratrie. Perso, je n’ai plus d’énergie pour poursuivre une relation jamais sereine. Quant à se faire diagnostiquer : il n’acceptera jamais, j’en suis certaine. Bien cordialement,

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