L’école contre les surdoués ?

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Mais pourquoi donc l’école et le surdoué ne font pas bon ménage ?
Parce que les besoins d’apprentissage des enfants surdoués ne sont pas satisfaits par le rythme scolaire normal. Parce que l’école, à notre sauce nationale, garanti une égalité des chances par la normalisation des programmes et des rythmes ; et ce quel que soit le rythme de l’enfant. Ce n’est pas un scoop l’Education Nationale n’aime pas trop les profils atypiques (dans un sens comme de l’autre d’ailleurs).

Pour le surdoué l’école rime avec ennuie… Mais pas toujours !

Posons tout de suite la seconde vraie problématique : dois-je impérativement changer l’école de mon petit EPI pour des établissements / des classes spécialisées ? Absolument pas. Si votre enfant est épanoui, engagé et heureux à l’école ;  s’il arrive à occuper sa merveilleuse cervelle même en suivant des programmes normaux ; alors laissez-le là où il est ; vous lui épargnerez la perte de repère consécutive à un changement d’établissement….

En effet tous les enfants surdoués n’ont pas forcément besoin d’un programme scolaire adapté pour surdoué, et quand cela est possible la classe ordinaire est souvent le meilleur choix. En effet leurs besoins d’apprentissage exceptionnels peuvent être satisfaits via l’ensemble des options qu’une bonne école pourra offrir… Cours de musique, initiation aux technologies… beaucoup d’école proposent des activités en marge du programme traditionnel et peuvent donc se révéler d’excellentes institutions pour les petits EPI…  D’ailleurs statistiquement 1/3 des surdoués s’adaptent finalement à leur environnement scolaire.

Un cadre légal clair mais vide de pratique…

LOI D’ORIENTATION ET DE PROGRAMME POUR L’AVENIR DE L’ÉCOLE
Loi n°2005-380 du 23 avril 2005 – art. 27 JORF 24 avril 2005

Article L321-4 – « Dans les écoles, des aménagements particuliers et des actions de soutien sont prévus au profit des élèves qui éprouvent des difficultés, notamment les élèves atteints de troubles spécifiques du langage oral et/ou écrit, telle la dyslexie. Lorsque ces difficultés sont graves et permanentes, les élèves reçoivent un enseignement adapté.

Des aménagements appropriés sont prévus au profit des élèves intellectuellement précoces ou manifestant des aptitudes particulières, afin de leur permettre de développer pleinement leurs potentialités. La scolarité peut être accélérée en fonction du rythme d’apprentissage de l’élève.

Des actions particulières sont prévues pour l’accueil et la scolarisation des élèves non francophones nouvellement arrivés en France.

Pour l’application des dispositions du présent article, des établissements scolaires peuvent se regrouper pour proposer des structures d’accueil adaptées.”

Quand le surdoué développe une « phobie scolaire »

Mais l’exception ne fait pas la règle et si tous les enfants surdoués s’intégraient à l’école comme un politicien dans un amphithéâtre ; alors cet article n’aurait pas lieu d’être… Et beaucoup de surdoués en seraient bien plus heureux !

Prenons quelques chiffres… généralement on compte

  • 20 élèves surdoués dans une école de 10 classes
  • Parmi ces 20 élèves : 50% ont redoublés au moins une fois
  • 23% de ces élèves arrêteront l’école après le bac
  • 16 % des élèves restants ne feront que de petites études sommes toute médiocre
  • En tout 66% de ces 20 élèves auront un parcours en deçà de leurs aptitudes réelles

Si votre enfant semble malheureux, désinvesti, ne fait aucun de ses devoirs, va jusqu’à se brider tout seul dans des matières ou il devrait exceller, pleure tous les matins et vous assène qu’il déteste l’école et qu’il veut arrêter ; alors la posez-vous la question de son parcours scolaire. Et déjà pour amorcer cette suite de questionnement qui vous amèneront à trouver l’établissement / ou la méthodologie adaptée, commencez par vous demander ce que l’école fait pour votre enfant et de quelle manière elle travaille pour lui. Comparez cela a l’ensemble des autres méthodes (Steiner Montessori) et comparez déjà les différences pédagogiques entre elles et en relation avec votre enfant. Pour être plus clair, si votre petit dernier est un grand fan de physique, peut être qu’une classe dédiée surdoué lui apportera plus, alors que si c’est le bricolage ou les loisirs créatifs, les établissements les plus adaptés seront plutôt des écoles type Montessori.

Si vous optez pour des classes de surdoués (qui risquent d’être payantes ; voir assez lourdement payantes) prenez bien soin de vous renseigner sur la manière dont les élèves qui la constitue sont recrutés. Exige t-on un test de QI ; si oui lequel ? Pour votre gouverne en matière de détection de la douance – et en France – seuls le K-ABC et le WISC 4 font référence ; notamment pour l’Education Nationale.

Les classes de surdoués : Attention terme trompeur !

Or beaucoup d’établissement proposant des classes dite « surdouées » ne demandent quasiment aucune garantie quant à la douance réelle des petits rejetons. On y trouvera, certes, des enfants intelligents mais qui resteront différents du votre, ce dernier les surpassant largement en termes de rapidité (sinon il ne serait pas surdoué).

Demandez bien aussi comment les enseignants sont formés, quels expériences ont-ils de la surdouance ; le sont-ils eux même. En effet la classe peut être exclusivement THQI, si aucun professeurs n’est à même de comprendre les élèves, je doute que l’enseignement pratiqués soit véritablement un plus par rapport aux classes traditionnelles.  Il n’est pas impératifs que les enseignants soient eux même surdoués (nous ne sommes pas dans X-men), mais il est impératif qu’ils aient été sensibilisés / formés aux spécificités des surdoués – et notamment leur très grande sensibilité et leur manque de confiance en eux.

En effet un élève surdoué n’est pas un élève lambda et la pédagogie à déployer doit tenir compte de leurs spécificités. Les EPI peuvent être extrêmement sensibles, avoir un intérêt obsessionnel pour un sujet mystérieux, être très excitables ou tenir plus d’un «mini-adulte» que d’un enfant , tout en gardant certains aspects propres à leurs âges comme la maturité affective par exemple. C’est la magie et le paradoxe des surdoués : selon la théorie du psychiatre polonais Kazimierz Dabrowski, la même sensibilité qui aide les personnes surdouées à assimiler l’information du monde qui les entoure d’une manière si efficiente, peut les rendre extrêmement sensibles sur bien d’autres aspects.

Enseigner à un surdoué : Rien d’évident !

C’est d’ailleurs un des points majeurs de divergence dans l’approche pédagogique à déployer spécifiquement pour les surdoués : Parents comme enseignants  doivent faire un effort supplémentaire pour enseigner les compétences sociales aux enfants surdoués. Il faut réussir à répondre à leurs demandes effrénées tout en les préparant à ce que la majorité ne le fasse pas. Il faut aussi les aider à contrôler leur « radar empathique » pour éviter qu’il ne les déborde et les sature d’émotions. De même il faut comprendre que pour ces enfants-là il ne s’agit pas d’avoir le dernier pull à la mode pour s’intégrer dans un groupe. Il leur faut retrouver leur dernier centre d’intérêt dans la discussion du groupe. Il vaut mieux donc encourager les parents à aider leurs enfants à chercher des groupes où ils pourraient trouver d’autres enfants avec des intérêts similaires. Chers papa, oubliez vos rêves de match de rugby ou d’un enfant passionné par la pratique du foot et cherchez plus du côté des clubs d’astronomies pour de belles nuits sous les étoiles ; si tant est que tel est le désir de votre surdoué chéri.

L’élève surdoué : le Grand Oublié de l’Education Nationale

Pourtant il existe une loi doublée d’une circulaire qui stipule que la formation des enseignants implique une sensibilisation et l’apprentissage des moyens de reconnaitre les difficultés et originalités des EPI (terme d’ailleurs créé par l’Education Nationale elle-même et qui signifie Enfant Intellectuellement Précoce pour ceux qui découvrent ce joli acronyme).

Dans les faits la détection des hauts potentiels – et leur traitement dans un cadre scolaire – n’existe que sur le papier du Journal Officiel. Il est inutile de céder à la mode consistant à blâmer les enseignants eux même ; que pourraient-ils faire s’ils n’ont pas été sensibilisés à la surdouance… Pour cela ils devraient être formés ou à minima informés. Dans les faits, les quelques chiffres donnés en début d’article, montre bien qu’il n’en est rien.

De même la vénération que certains parents portent à leur progéniture amène même beaucoup de professeur à voir les mentions de surdouance d’un bien mauvais œil. Ils considèrent très vite que, encore une fois, ils sont face à des parents incapables de prendre le moindre recul face à leur petite merveille qui reste « un indécrottable cancre qui n’écoute pas et ne fait pas ses devoirs ».

A profs démunis ; parents démunis… Car alors les choix deviennent cornéliens : financièrement quand la question d’un établissement spécialisé se pose (du moins quand elle peut se poser) ou même socialement quand la seule solution tangible qui semble rester est la scolarisation à la maison (que beaucoup entendent comme déscolarisation).

D’ailleurs au-delà même des choix cornéliens, il revient in fine aux parents d’assouvir l’énorme soif de connaissance de leur rejeton : trajet en urgence à la bibliothèque ; requête intempestive sur Wikipedia pour essayer de comprendre quelque chose à la théorie du Big Bang entre deux tartines du petit déjeuner…

Quid des établissements spécialisés pour Enfant Précoce ?

Parlons des écoles spécialisées pour les surdoués…. Enfin des quelques rares établissements qui existent. Je voulais en faire une liste par ville ; je me suis donc renseigné via cet ami omniscient qui commence par un G et qui est très coloré…. Et là ; déception féroce.

Il n’existe quasiment aucun établissement spécialisé en France et le peu qui existent sont principalement localisés en région parisienne. De même après une ou deux visites sur les sites de ces établissements je m’aperçois qu’ils sont tout simplement hors de prix (enfin j’ai regardé deux établissements que je ne nommerai pas, persuadé que vous trouverez bien tout seul)

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