Certaines personnes atteintes d’autisme sont également handicapées intellectuellement. Cela arrive, tout simplement parce que le diagnostic d’autisme ne se base pas sur une performance spécifique à un test de QI. Mais pour le Syndrome d’Asperger la chose est bien différente.
A l’opposé de l’autisme, les personnes atteintes du syndrome d’Asperger, ne doivent, par définition, avoir souffert d’aucun retard cognitif au cours de leurs trois premières années de vie. Cela signifie qu’elles ont généralement un QI au moins « normal ». C’est-à dire qu’un asperger doit posséder un QI strictement supérieur à 100. Même si ce n’est pas la seule différence avec l’autisme, c’est en soit déjà un point important.
Dans certains cas, leur QI peut être très élevé, voire de l’ordre du génie (c’est un fait on retrouve proportionnellement plus de surdoués ou THQI chez les “Aspi” ( les neuro-atypisme faisant visiblement écho). Mais en disant cela, nous parlons surtout de Quotient intellectuel. Or l’intelligence est beaucoup plus complexe et il existe différents types d’intelligence, qui combinées constituent ce que l’on appelle généralement “être intelligent”. Par exemple l’intelligence émotionnelle. Et là, le bât blesse !
Votre QI peut atteindre la stratosphère, mais votre capacité à “lire le monde social” peut être altérée, à tel point que vous avez du mal à vous y retrouver dans les complexités sociales propres à l’école, au lieu de travail ou dans la société de manière générale. Cette liste de symptômes gênera votre action car il vous sera très difficile d’entrer en synergie avec les autres pour produire des travaux collectifs ou mener des projets à plusieurs. Or cela, c’est le quotidien de l’Asperger.
Avoir un QI normal ou élevé est évidemment une bonne chose. C’est un don, qui permet à une personne d’apprendre et de savoir, de repousser ses limites intellectuelles, de se réjouir de l’accumulation de connaissances. Et c’est un avantage majeur pour l’Aspi qui doit faire face à son handicap : son QI souvent supérieur à la moyenne lui permet de travailler son handicap et de trouver des moyens pour le compenser.
Il peut cependant s’agir d’une arme à double tranchant, à la fois don et malédiction. Lorsqu’une personne est consciente de sa différence, lorsque, malgré toute son intelligence, elle a du mal à se faire des amis, à se mettre en couple ou à garder un emploi, elle peut se retrouver beaucoup plus encline à la dépression qu’une personne moins consciente.
Il a en effet été constaté que les enfants atteints d’autisme de haut niveau et du syndrome d’Asperger souffrent davantage de dépression et d’anxiété que leurs pairs neuro-typiques.
Un autre inconvénient de cette intelligence souvent supérieure est que beaucoup considèrent que la personne n’est pas handicapée, point final. S’il a de bonnes notes, s’il réussit les tests ou s’il a un vocabulaire recherché, comment pourrait-il avoir un handicap ? Les gens ne comprennent pas et pensent que s’il a du mal à interagir, cela doit être dû à des défauts personnels, trop d’égo, un côté capricieux sanguin, instable…. Bref on reproche à l’Aspi son syndrome d’asperger et n’y pensant pas – on le prive de son diagnostic.
Un enseignant de l’école primaire, par exemple, peut considérer l’Aspi comme un enfant impossible, effronté ou en opposition. Ses parents, quant à eux, peuvent être considérés comme incompétents, son mauvais comportement « délibéré » étant supposé être le reflet d’une éducation parentale permissive ou d’une vie familiale désordonnée. Or non, je le rappelle encore, si l’Asperger possède un QI élevé ou très élevé, son quotient émotionnel est lui extrêmement faible.
L’un des plus grands défis pour quiconque défend les intérêts d’un petit ou grand Aspi, c’est de vulgariser et faire connaître la véritable étendue du handicap. Car en réalité, les personnes atteintes du syndrome d’Asperger sont socialement et émotionnellement très en retard sur leur âge chronologique et peuvent sembler, malgré leurs réalisations intellectuelles, très jeunes, naïves et inconscientes des complexités de la réalité sociale. Elles ne sont pas handicapées sur le plan intellectuel, mais sur le plan social. Et leur comportement – s’il n’est pas connu – peut sembler déroutant pour qui ne s’y adapte pas. De même pour les enfants aspi il vous faudra créer des rituels pour lui apprendre a gérer son syndrome.