La méthode éducative Montessori a été fondée au début du XXIème siècle par le Dr Maria Montessori à la suite de ses observations scientifiques des comportements et des besoins des enfants en bas âges. Cette méthode a été présentée pour la première fois en 1912 puis a connu un regain d’intérêt vers la fin des années 50. Aujourd’hui on dénombre environ 23 000 écoles Montessori dans le monde.
Première femme médecin diplômée de l’Université de Rome, Maria Montessori faits ses premières armes de pédagogue en tant que médecin spécialisées dans les enfants mentalement déficients. Les choses s’accélèrent lorsque qu’en 1907, Montessori est invitée à ouvrir un centre de soins pour les enfants de familles extrêmement pauvres dans les bidonvilles de San Lorenzo de Rome. Très vite ce qui s’apparentait à un dispensaire devient la toute première école Montessori que sa fondatrice appelle une « maison de l’enfance ».
Et pour cause, loin des paradigmes éducatifs ayant cours à l’époque, Maria Montessori postule que les jeunes enfants apprennent mieux dans un environnement stimulant, rempli de matériaux appropriées et à même de fournir des expériences qui contribuent à la croissance de l’auto-motivation.
Pour résumer, Maria Montessori ne veut pas d’une pédagogie basée sur la restitution de connaissances apprises par cœur dans un cadre disciplinaire strict ; mais veut former des « apprenants indépendants ». C’est pour cette raison que cette méthode a parfaitement sa place dans un site dédié aux enfants surdoués ; qui bien souvent sont bridés par le système éducatif traditionnel.
Définition de la pédagogie Montessori : reconnaître l’enfant comme un individu (presque) autonome.
L’approche Montessori repose sur quatre affirmations fondamentales :
D’abord que les enfants doivent être considérés comme étant différents des adultes et par conséquent respectés comme tels ; mais aussi différent des uns des autres : la pédagogie de masse néglige donc l’individualité de chaque enfant.
Ensuite que les enfants créent eux-mêmes par le biais d’activités ciblées : il faut donc leur laisser le choix des activités à mener au sein d’un ensemble de possibilités.
De plus Les 6 premières années sont les plus importantes pour l’apprentissage général
Enfin, les enfants possèdent une sensibilité inhabituelle et des capacités cognitives supérieures pour appréhender et tirer des leçons de leur environnement (qu’il soit humain ou matériel via les objets ou matériaux mis à leur disposition)
Il en résulte une approche individualisée de l’éducation des enfants dans un spectre d’âge assez large (de tout-petits au secondaire) pour aider chaque enfant à découvrir et exploiter l’ensemble de ses potentiels dans tous les domaines de sa vie. C’est une approche axée sur les étudiants qui encourage la créativité et la curiosité et amène les enfants à poser des questions, à explorer, à enquêter et à penser par eux-mêmes.
En conséquence un environnement Montessori est davantage axé sur l’apprentissage de l’élève que sur l’enseignement de l’enseignant. Des enseignants formés à la méthode guident, entraînent et facilitent l’apprentissage de chaque enfant en observant et évaluant ses progrès. En lieu et place d’un « maître » qui donne le savoir ; l’enseignant Montessori se concoit plus comme un consultant qui stimule épaule et oriente la curiosité de l’enfant pour lui permettre d’engranger le plus de connaissance possible.
Les périodes sensibles : Le point de départ de l’approche Montessori
Dans la philosophie Montessori, l’enfant connait plusieurs « périodes sensibles », période durant laquelle il va éprouver le besoin de développer un savoir spécifique (un élément du langage, de la marche..). Ces périodes sensibles sont propre a chaque enfant et peuvent apparaître dans une temporalité différente d’un enfant à l’autre. Ainsi les méthodes scolaires traditionnelles qui imposent le moment pour chaque type d’apprentissage se révèlent contre-productive selon Montessori, car elles ne respectent pas le rythme propre à chaque enfant. En conséquence l’apprentissage apparaît comme une contrainte dont on doit, au mieux, s’accommoder. De plus si l’apprentissage est possible hors période sensible, celui-ci est plus long et fastidieux. La méthode Montessori, elle, laisse à l’enfant une certaine autonomie dans le choix de ses apprentissages et sait donc mieux profiter de ces périodes sensibles pour produire un résultat plus optimum.
Montessori distingue 6 périodes sensibles entre la naissance et ses 6 ans :
La période sensible de la coordination des mouvements : l’enfant affine l’usage de ses mains (Entre 18 mois et 4 ans)
La période sensible de l’ordre : l’enfant classifie, ordonne, trie, élabore un raisonnement (plus ou moins de la naissance à 6 ans)
La période sensible du langage : l’enfant nomme les concepts (Globalement entre 10 mois et 6 ans)
La période sensible du raffinement des sens : l’enfant améliore considérablement ses aptitudes à manier certains matériaux : (Entre de 18 mois et 5 ans environ)
La période sensible du comportement social : l’enfant se construit une identité et cherche à s’adapter aux autres pour s’intégrer dans un groupe
(Entre 2,5 ans et 6 ans environ)
La période sensible des petits objets (très rapide intervalle durant la 2e année) et qui permet d’affiner la vue et la coordination motrice.
Bien exploiter les périodes sensibles à travers des matériaux adaptés
D’où l’importance d’un matériau adapté à chaque période sensible que l’enfant peut utiliser quand sa période sensible débute. C’est un des postulats de base de la méthode : développer et mettre à disposition un ensemble de matériaux (par matériaux nous entendons soit des objets soit des textures à découper etc. etc.).
Celui-ci vie à aider l’enfant à distinguer, préciser, généraliser, et conceptualiser par une approche concrète. Par exemple la géométrie peut s’apprendre par le découpage des formes selon un modèle prédéfini dans un support de référence. Ce matériel développé par Maria Montessori est présenté comme un matériel scientifique répondant au besoin de développement naturel de l’enfant.
Une éducation humaniste basée sur l’auto-contrôle et l’aide intergénérationnelle.
Le regroupement de plusieurs tranches d’âges (par intervalle de 3 ans) dans chaque classe offre un cadre convivial où l’apprentissage peut avoir lieu naturellement. En cela il représente une dimension fondamentale dans la méthode Montessori. Les enfants plus expérimentés partagent ce qu’ils ont appris tout en renforçant leurs propres connaissances et compétences, car cela encourage le développement d’un vocabulaire plus conceptuel et plus riche : en cela l’entraide représente d’excellentes expériences et opportunités pour le développement de l’empathie et l’apprentissage social.
Afin de faire vivre ce petite société que représente une classe Montessori, les enfants sont encouragés à se respecter et se soutenir mutuellement dans leur apprentissage, leurs besoins quotidiens et leurs expériences. L’apprentissage devient donc un processus social plus qu’une simple redescente d’information du professeur vers le groupe d’élève. A ce stade il est amusant de constater que c’est justement ce type de pédagogie qui est prônée par les grandes écoles, de commerce notamment : on y multiplie les cas pratiques basés sur des travaux de groupe, afin que chacun puisse avancer avec et des autres. Peut-être tout simplement parce que c’est le modèle de la vie en entreprise ou un salarié seul ne ferait pas grand-chose sans son équipe ou ses collègues.
Les enfants sont libres de travailler à leur propre rythme avec des matériaux qu’ils ont choisi, seul ou avec d’autres. L’enseignant s’appuie sur son observation des enfants afin de déterminer quelles nouvelles activités et matériaux peuvent être présentés à un enfant ou à un groupe de petit ou grand. L’objectif est d’encourager un apprentissage proactif et autonome de même qu’un équilibre entre individualité et collaboration de petits groupes au sein de la communauté de l’ensemble du groupe.
Un modèle anarchique et sans filet de sécurité ? Montessori et autorité
En lisant le précédant paragraphe, on l’aura compris : il n’est pas question d’une anarchie au sein de la classe ou chacun fait ce qu’il veut, mais de laisser une marge de manœuvre aux enfants pour décider de leur activité du moment et du contexte de celle-ci (en groupe ou en solo).
En fait chaque classe Montessori, quel que soit l’âge, fonctionne sur le principe de la liberté dans les limites.
L’enseignant agit comme un facilitateur de l’apprentissage. Cette formation comporte un enseignement pratique supervisé par l’enseignant qui suggère, oriente et présente des activités bien précises correspondant au programme défini pour la tranche d’âge en question (1 à 2 ans, 3 à 6 ans, 6 à 9 ans et 9 à 12 ans). Pour résumer l’enseignant se pose plus en « Chef d’orchestre » qu’en « maître » dans sa classe.
Quelles aptitudes sociales sont développées par la méthode Montessori ?
On en aura déjà compris l’essentiel en lisant les paragraphes précédents, néanmoins pour résumer nous pouvons énumérer 11 aptitudes sociales que la méthode Montessori veut particulièrement développer.
1. Montessori veut développer l’autonomie
Les enfants sont capables de choisir leur propre travail, s’engager, construire leurs connaissances et en tirer une satisfaction personnelle. Des conseils sont donnés et les enfants sont capables de demander de l’aide lorsque cela est nécessaire.
2. Montessori veut renforcer la confiance en soi et l’identification de ses compétences.
Les enfants à l’aide d’observations, de réflexion ou de discussions, devraient être capables de corriger leur propre travail. Ils devraient être en mesure de gérer les différents matériaux avec une un objectif clair, conduisant à une meilleure compréhension.
3. Montessori veut affirmer l’Auto Motivation.
Les enfants sont capables de travailler pour le plaisir sans attendre de récompenses ni de craindre l’évaluation ou l’échec. Le groupe agit alors comme un catalyseur : si un enfant fait une découverte, il sera aussitôt imité par d’autres qui trouverons un moyen d’atteindre le même but.
4. Montessori veut renforcer le Leadership
De par l’aide inhérente au classe multi-âge et l’automotivation propre à la pédagogie; les enfants développent des capacités de leadership supérieures à la moyenne.
5. Montessori veut développer les capacités de travail en université
Plus autonomes et plus à même d’éprouver de l’intérêt pour l’apprentissage, les élèves montessori seraient plus à même d’affronter le cadre universitaire car ils sont responsabilisés depuis leur plus jeune âge.
6. Montessori veut renforcer la citoyenneté
Les enfants sont encouragés à développer leur citoyenneté notamment via un apprentissage plus approfondi de l’esprit critique, du respect de l’autre et de l’autonomie. Plus à l’écoute de leur environnement ils seraient plus à même d’appréhender les différences culturelles.
7. Montessori veut développer le respect.
La méthode Montessori met l’accent sur les méthodes de résolution de conflit entre les entités du groupe. Ainsi le respect de l’autre ou des matériaux utilisés est une des valeurs fondamentale qui est inculqué.
8. Montessori veut accroitre la communication avec les parents
L’enseignant documente chaque progrès de l’enfant et les communique aux parents. De même il s’enquière de la vie de l’enfant en dehors de sa classe pour être certain d’appréhender l’enfant dans sa globalité quel que soit sa socialisation dans l’école.
9. Montessori veut garantir l’accessibilité.
Les enfants approchent le professeur avec aisance et confiance, ce qui reflète un lien personnel et un sentiment de sécurité. L’enseignant est démystifié et devient donc un partenaire d’apprentissage plus qu’une figure d’autorité et de discipline.
10. Montessori veut construire la personnalité sur la base de modèles.
L’enseignant reflète les qualités essentielles de l’ordre, de respect, de plaisir et d’engagement. En cela il représente une figure tutélaire et un modèle de vie à suivre.
11. Montessori veut développer la spontanéité et la joie dans le travail
L’enseignant nourrit et encourage la spontanéité et l’expression de la joie d’apprendre.
L’approche Montessori : l’eden des surdoués ?
Oui et non ! En effet si votre petit surdoué semble bien intégré dans sa classe, et que ses résultats sont bons, alors laissez-le ou il est ! En effet pourquoi changer ses repères si ceux-ci semblent lui convenir ? En fait le problème de la scolarisation des surdoués ne se posent que si l’intégration dans les écoles « standards » est problématique. Si cette dernière ce fait sans d’inquiétude sur le niveau ou sur la socialisation, alors soyez juste heureux d’avoir un petit surdoué bien adapté.
Par contre si cette intégration est difficile ; si votre enfant a du mal à se faire des amis ou s’il est la cible de certaine moqueries ; s’il éprouve des difficultés traduites par de mauvaise note ou par un début de phobie scolaire ; alors oui la question d’une scolarisation Montessori peut se poser.
En effet de quoi a besoin un surdoué dans un cadre scolaire ? Idéalement :
* avoir des professeurs enthousiastes et bien informés
* utiliser un programme flexible
* s’appuyer sur les capacités de l’élève plutôt qu’un âge pour le choix d’un niveau de classe
* mettre l’accent sur l’apprentissage pratique plutôt que la simple mémorisation « par cœur »
Il est vrai que Montessori pose ces quatre éléments comme base de sa méthode pédagogique : je ne vais pas faire ici un résumé de tout ce qui est écrit au-dessus mais
Néanmoins il ne faut pas perdre de vue que le succès d’un enfant doué en Montessori, tout à fait honnêtement, va dépendre davantage de l’attitude et les connaissances des enseignants et personnel de l’école qu’il est sur la méthode Montessori elle-même. La méthode Montessori est presque sur mesure pour l’enfant surdoué, mais certains enseignants Montessori (tout comme pour les écoles traditionnelles) peuvent ne pas être prêts à relever le défi qu’est l’éducation d’un enfant surdoué. Alors avant toute chose, ne considérez par Montessori comme une fin, mais comme un moyen : choisissez l’école comme vous choisiriez une école normale. C’est-à-dire en rencontrant l’équipe directrice et les enseignants pour vous assurer que vous avez à faire à des gens « biens »
Les parents doivent s’assurer de communiquer avec les enseignants et le personnel de l’école avant les débuts de l’enfant, afin de s’assurer que tout le monde comprend les besoins de l’enfant.