À quoi ressemble le TDAH chez les enfants ?

Une image d’Epinal souvent reprise dessine l’enfant TDAH comme un enfant turbulent et ne tenant pas en place. Ce serait même à cela qu’on les reconnaitraient. C’est un mythe car le TDAH peut très bien ne pas prendre la forme d’une hyperactivité motrice. Alors remettons les pendules à l’heure et voyons à quoi ressemble vraiment un TDAH chez un enfant

Tous les parents le savent, les jeunes enfants ont tendance à être actifs, turbulents et impulsifs. Ils jouent bruyamment et aiment grimper et courir. Ils se tortillent, s’agitent et adorent se lever et sortir pour explorer le monde. Il n’est pas rare que les enfants aient des difficultés à écouter, à se souvenir et à suivre les instructions. Tout cela fait partie intégrante de la vie d’un enfant (Ah le bel âge !).

Cependant, pour un enfant atteint du trouble déficitaire de l’attention/hyperactivité (TDAH), les comportements et les défis normaux de l’enfance sont amplifiés. Les symptômes du TDAH sont envahissants, chroniques et perturbateurs, et ils causent des problèmes importants à l’école, à la maison et avec ses amis.

Les enfants atteints du TDAH peuvent être frustrés et dépassés très facilement. Ils ont des difficultés à réguler leurs émotions et à résoudre les problèmes liés aux l’accomplissement de tâches. Ils peuvent, par exemple, avoir de grandes difficultés à

• Planifier
• Établir des priorités
• Prêter attention
• Se souvenir des détails
• Une tendance à avoir une maturité légèrement inférieure aux autres enfants du même âge. 

Pourtant, il ne faut pas noircir le tableau. Certains enfants atteints de TDAH sont très charismatiques, agréables à vivre et appréciés de tous. Pour beaucoup d’autres, cependant, les problèmes de comportement entraînent le rejet, l’isolement et la chute de l’estime de soi. c’est à cette seconde catégorie que je m’adresse.

Le TDAH chez les enfants (spoiler : non un enfant TDAH n’est pas forcément turbulent !! )

Environ 3 à 5,6 % des enfants âgés de 2 à 17 ans en France sont suspectés de développer une forme de TDAH, selon les informations de l’Agence Nationale de Santé Publique. L’âge médian du diagnostic de TDAH chez les enfants est d’environ 9 à 10 ans selon la Haute Autorité de Santé.

De manière générale, on considère qu’il est difficile de diagnostiquer un TDAH chez un enfant de moins de 5 ans en raison de la rapidité avec laquelle il se développe – et donc change. L’Ecole à ce titre joue un rôle majeur car c’est souvent le premier lieu ou le TDAH s’exprime.

Il existe trois sous-types de TDAH, et pour chacun correspond des symptômes spécifiques. Pour qu’un diagnostic soit posé, les symptômes doivent être présents depuis au moins six mois, être perturbateurs et non correspondant au niveau de développement de l’enfant. En d’autres termes, les déficiences considérées sont beaucoup plus importantes que chez les autres enfants du même âge.

• TDA sans hyperactivité / inattentif : Difficulté à prêter attention et à terminer les tâches, facilement distrait, “oublieux”, désorganisé, ne semble pas écouter quand on lui parle ou alors juste les premiers mots.
• Hyperactif/impulsif (Hyperactivité motrice) : Difficulté à rester assis et à attendre son tour, parle et interrompt trop souvent, a du mal à rester immobile.
• Combiné : Symptômes des types inattentif et hyperactif/impulsif.

Le type combiné est la forme la plus courante du TDAH, tandis que le type hyperactif/impulsif est la moins courante. L’hyperactivité a tendance à s’estomper à mesure que l’enfant grandit.

La probabilité de recevoir un diagnostic de TDAH est plus élevée chez les garçons que chez les filles. Toutefois, cela pourrait s’expliquer par le fait que les filles présentent plus souvent le type inattentif du TDAH, qui peut être plus difficile à remarquer, tandis que les garçons présentent plus souvent des symptômes d’hyperactivité/impulsivité.

Effets du TDAH chez les enfants

Il peut être difficile de vivre avec le TDAH. Les enfants peuvent ressentir un large éventail d’émotions, notamment :

• Frustration
• Sentiment de perte de contrôle
• Déconnexion avec son environnement
• Confusion
• Impuissance
• Agitation

Les enfants atteints de TDAH sont souvent étiquetés avec des termes inexacts et négatifs. Ils peuvent avoir l’impression d’être « le mauvais gars », « paresseux » ou « idiot », “tête de linotte”, “versatil” et j’en passe…. Bien sûr ce n’est pas du tout le cas.

Vivre avec le TDAH peut représenter des défis pour les enfants dans tous les domaines de leur vie. Il leur est difficile de gérer leurs sentiments et d’assumer leur manque de capacité à organiser et dérouler les tâches. En conséquence, ils doivent faire face à des conséquences difficiles:

L’école : Les comportements d’inattention peuvent entraîner des difficultés à terminer le travail, tandis que les comportements d’hyperactivité peuvent perturber l’activité de la classe et entraîner des mesures disciplinaires.

Relations : Les enfants atteints de TDAH peuvent éprouver des difficultés dans leurs relations avec les autres enfants et leurs amitiés.

Développement : Le TDAH est classé comme un trouble neurodéveloppemental, et les enfants qui en sont atteints présentent des retards de développement.

Une étude de 2013 publiée dans “Frontiers in Human Neuroscience” a examiné les performances cognitives (attention, synchronisation, impulsivité et hyperactivité) d’un groupe d’enfants âgés de 6 à 11 ans. Elle a révélé que les enfants souffrant de TDAH étaient comparables à un groupe “normal” de 1 à 3 ans plus jeunes, sauf pour l’hyperactivité, pour laquelle l’écart était plus important.

Effets des médicaments contre le TDAH

Les médicaments stimulants sont le plus souvent prescrits pour le TDAH (méthylphénidate). Bien qu’ils puissent être utiles pour réduire les symptômes du TDAH, ils peuvent également avoir des effets secondaires, notamment :

• des troubles du sommeil
• Diminution de l’appétit
• Anxiété
• Irritabilité
• Maux d’estomac
• Maux de tête

D’ailleurs le Sénat français s’est “emparé” de la problématique et dans les séances de question aux gouvernement, il n’est pas rare que soit abordé les dangers de l’usage des psychotropes dans le traitement des TDAH. Un exemple ici ou encore ici . Cela me met la puce à l’oreille et je vais donc préparer un article sur la position de la France quant au méthylphénidate.

Les effets secondaires courants des non-stimulants, qui peuvent être prescrits si un enfant ne tolère pas un stimulant, peuvent varier selon le médicament. Le premier non-stimulant à être approuvé pour le traitement du TDAH a été Strattera (atomoxétine). Les effets secondaires courants du Strattera chez les enfants et les adolescents sont les suivants :

• Diminution de l’appétit
• Nausées
• Vomissements
• Fatigue
• Somnolence
• Douleurs abdominales

Si le médecin de votre enfant lui a prescrit des médicaments, il doit aussi surveiller leurs effets. Il cherchera à établir un régime médicamenteux qui soit efficace et qui ne produise pas / le moins d’effets secondaires désagréables. 

Les interventions comportementales, en particulier la formation des parents à la gestion du comportement, sont recommandées comme traitement de première intention chez les jeunes enfants âgés de 4 et 5 ans. Ces enfants sont peut-être trop jeunes pour prendre des médicaments ; les effets de certains médicaments contre le TDAH sur les cerveaux en développement sont mal compris.

Comment les difficultés liées au TDAH affectent les comportements sociaux

Les enfants atteints du TDAH interagissent souvent d’une manière qui peut provoquer des réactions négatives de la part de leurs pairs. Certains peuvent essayer de dominer le jeu ou s’engager de manière trop agressive, exigeante et intrusive. Ils peuvent avoir du mal à se joindre à leurs camarades pour faire ce qu’ils aiment faire. Au lieu de cela, ils peuvent vouloir établir leurs propres règles, ou s’engager de manière autoritaire, « injuste » ou non conforme, et en général, ils peuvent avoir du mal à savoir comment coopérer avec les autres enfants du même âge.

De nombreux enfants atteints de TDAH ont du mal à percevoir et à lire les signaux sociaux. D’autres peuvent s’ennuyer facilement, se laisser distraire et se détourner de leurs amis. Les problèmes d’attention et de maîtrise de soi peuvent entraver les possibilités d’acquérir des compétences sociales par l’apprentissage par l’observation. De nombreux enfants atteints de TDAH ont également du mal à gérer les sentiments difficiles et peuvent très vite être dépassés, frustrés et réagir de manière émotionnelle.

Les réactions impulsives, l’hyperactivité ou les comportements distraits peuvent être considérés non seulement comme frustrants et irritants, mais aussi comme insensibles aux besoins des autres, de sorte que l’enfant est encore plus évité et rejeté et jugé de moins en moins sympathique au sein du groupe.

Compétences acquises au sein des groupes de pairs

Les expériences et les relations au sein d’un groupe de pairs peuvent avoir un effet profond sur le développement d’un enfant. Grâce à ces relations, l’enfant apprend à avoir des amitiés réciproques et à établir et maintenir des relations saines avec les autres. Grâce aux groupes de pairs, l’enfant apprend les règles et les compétences de l’échange social, notamment la coopération, la négociation et la résolution des conflits. Malheureusement, les symptômes du TDAH peuvent altérer la capacité d’un enfant à observer, comprendre et réagir à son environnement social.

En raison de leurs difficultés à se maîtriser, de nombreux enfants atteints de TDAH ont tendance à réagir sans réfléchir aux conséquences de leur comportement ou à l’impact qu’il peut avoir sur leur entourage. En outre, ils peuvent avoir du mal à tirer des leçons de leurs expériences passées.

Ce comportement perturbateur ou « insensible » est souvent considéré comme intentionnel et délibéré ; en conséquence, l’enfant atteint du TDAH peut être étiqueté comme un « fauteur de troubles » et être encore plus évité et rapidement rejeté par le groupe plus large. Une fois collé à cette étiquette, il peut devenir encore plus difficile pour l’enfant de surmonter cette réputation négative et d’établir des liens positifs avec ses pairs, même s’il commence à apporter des changements positifs dans ses compétences sociales.

Certains enfants atteints de TDAH s’isolent en raison d’échecs répétés dans leurs relations amicales, de sentiments de méfiance et de réticence à l’égard des autres, et d’une chute de la confiance en soi. Les problèmes sont alors aggravés car lorsque les enfants évitent ou se désengagent des autres, ils n’ont plus l’occasion d’apprendre des compétences adaptatives et, par conséquent, ils développent des compétences de plus en plus faibles avec leurs pairs. Ces déficits de compétences sociales peuvent certainement avoir un effet négatif sur l’enfant lorsqu’il grandit et entre dans l’adolescence et l’âge adulte.

Stigmatisation

Un autre obstacle potentiel à l’observance du traitement et au bien-être des enfants diagnostiqués avec le TDAH est la stigmatisation qui l’entoure. Le scepticisme à l’égard du diagnostic et des symptômes, ainsi que les perceptions négatives à l’égard des médicaments ont contribué à cette stigmatisation

On a constaté que les adultes et les pairs stigmatisent les enfants atteints du TDAH de différentes manières. Selon une étude publiée en 2020, les enfants perçoivent leur camarade atteint du TDAH comme étant plus violent, plus susceptible d’avoir des problèmes et moins attentionné que les autres. Les enseignants percevaient leurs résultats scolaires de manière plus négative, et la stigmatisation intériorisée des parents se traduisait par des critiques et de l’irritabilité.

Comment pouvez-vous aider votre enfant ?

Si vous êtes le parent ou le gardien d’un enfant atteint du TDAH, vous pouvez prendre certaines mesures pour l’aider à gérer son état et réduire la frustration de tous. Apprenez-en le plus possible sur le TDAH. Travaillez avec son enseignant et les autres membres du personnel scolaire pour vous assurer qu’il bénéficie des aménagements dont il a besoin pour réussir. À la maison, concentrez-vous sur :

• L’organisation : Aidez votre enfant à rester organisé en rangeant ses affaires aux mêmes endroits.
• La structure et la routine : Respectez un horaire régulier et créez des routines prévisibles.
• Une communication claire : Donnez des instructions claires lorsque vous communiquez avec lui.
• Récompenses : Veillez à ce qu’il sache quand il fait ce qu’il faut. Félicitez-le ou offrez-lui des récompenses.13
• Positivité : Encouragez et soutenez votre enfant dans les domaines où il fait preuve de force et aidez-le à reconnaître ses capacités en lui-même.

La formation des parents peut faire partie du traitement de thérapie comportementale de votre enfant s’il a moins de 12 ans. Cette formation enseigne aux parents des compétences qu’ils peuvent utiliser pour aider à améliorer le comportement de l’enfant.

En guise de conclusion

Il est important de se rappeler que les enfants atteints du TDAH ont des forces et des qualités qui devraient être rappelées à l’enfant voir célébrées avec lui. Certaines caractéristiques, comme le fait d’être plus énergique, peuvent être un atout et les aider dans la vie et dans certains milieux professionnels.

Pour améliorer la qualité de vie de votre enfant, reconnaissez ses points forts, dissipez les mythes et aidez-le à obtenir le traitement et les aménagements dont il a besoin. En plus de votre amour et de votre soutien, cela contribuera à créer un environnement propice à sa réussite.