L’inégalité « externe » (l’image que la société veut renvoyer aux femmes) a un effet interne, qui façonne la façon dont nous pensons, ressentons et conçevons notre champs des possibles personel. Ayant intégré de nombreux stéréotypes de genre de nombreuses femmes haut potentiel affichent des comportements axés sur la satisfaction des gens, l’évitement des conflits, la dissimulation – et notamment de l’intelligence. Une étape essentielle sur la voie de l’épanouissement de votre potentiel est de prendre conscience de ces blocages psychologiques et d’y remédier.
Les femmes surdouées et le syndrome de l’imposteur
Le syndrome de l’imposteur est défini comme la tendance à douter et à discréditer ses capacités et ses réalisations (Bell, 1990), et est particulièrement répandu chez les femmes surdouées. Les recherches sur le syndrome de l’imposteur ont débuté en 1978, lorsque les chercheurs Clance et Imes ont observé que les femmes ayant obtenu des résultats remarquables avaient également tendance à douter beaucoup d’elles-mêmes et étaient incapables d’intérioriser leur propre succès. Au lieu de célébrer leurs succès, elles avaient le sentiment d’être un échec, une fraude ou un imposteur.
Les femmes surdouées ont une tendance plus importante à attribuer leurs succès personnels à des facteurs externes plutôt qu’a leurs talents ou compétences
Contrairement aux hommes qui ont tendance à attribuer leurs réalisations à leurs propres capacités, les femmes attribuent leurs réalisations à des facteurs externes tels que la chance et l’aide extérieure. Comme les femmes surdouées sont naturellement plus capables que leurs pairs, il leur arrive de réaliser de grandes choses sans grand effort, ce qui les amène à penser qu’elles ont réussi à passer à travers le système sans être détectées comme des imposteurs. Elles pensent qu’elles sont simplement « chanceuses », que ce sont les autres plutôt qu’elles-mêmes qui sont vraiment douées.
En raison du syndrome de l’imposteur, de nombreuses femmes surdouées vivent dans la peur constante d’être « démasquées ». Elles préfèrent « jouer la sécurité » et éviter de s’exposer à la compétitivité et aux défis intellectuels, ce qui les empêche d’exploiter pleinement leur potentiel.
Le syndrome de la peur du succès
Sans s’en rendre compte, de nombreuses femmes ont peur du succès. Que ce soit par nature ou par éducation, elles ont tendance à valoriser les relations et à prendre en compte le point de vue des autres. Beaucoup considèrent le fait d’être qualifiée de « sudouée » comme un fardeau inconfortable, car cela renforce la peur de ne pas être à sa place ou d’offenser les autres.
La tendance à se cacher se retrouve très tôt chez les filles surdouées : Buescher et ses collaborateurs (1987) ont constaté que, alors que seulement 15 % des garçons agissaient de la sorte, 65 % des filles cachaient systématiquement leurs capacités à l’école, car elles ne voulaient pas être considérées comme différentes de leurs camarades (Reis 1998).
Ma fille tu sera bonne avec ton mari : l’injonction poison pour les femmes (T)HQI
En raison de la pression de la société et de ce qu’elle dit que l’on « devrait » et « ne devrait pas » faire, les jeunes femmes HQI changent leurs plans pour s’adapter à un rôle moins ambitieux et plus traditionnellement féminin. C’est un résultat que l’on pourrait attribuer au « conditionnement de la bonne fille » qui prévaut dans notre culture et dans la manière dont les filles sont élevées : Soyez gentille, prévenante, sympathique et ne faites jamais de vagues. Soyez modestes et aidantes à tout prix. Dans le cadre d’un tel conditionnement, la désapprobation des autres devient une idée menaçante.
Dans les rencontres, elles peuvent avoir été critiquées, subtilement ou ouvertement, pour ne pas se comporter « comme les femmes sont censées le faire ». Elles peuvent inconsciemment se retenir parce qu’elles craignent de paraître indésirables aux yeux du sexe opposé si elles sont trop compétentes ou ont trop de succès.
Des études montrent que les femmes douées ont un besoin plus fort de plaire aux autres que les femmes moyennes. Leurs craintes ont tendance à augmenter à mesure qu’elles s’approchent de la réussite et du succès, en raison des conséquences anticipées. Même si une femme surdouée se rend compte qu’il est irrationnel de ne pas être à la hauteur, elle peut continuer à le faire si, au fond d’elle-même, elle croit que la réussite se soldera par un échec dans le domaine des relations et de l’intimité.
Les femmes surdouées et la sensibilité à la dynamique sociale
La peur du succès est illustrée par la capacité de la femme (hyper)sensible à percevoir les indices les plus subtils dans toute situation sociale donnée. Comme elle est astucieuse, elle peut clairement voir et ressentir la dynamique sociale des situations de compétition beaucoup plus tôt que les filles moyennes.
De nombreuses femmes surdouées font constamment l’objet d’une envie toxique – de la part des hommes et, malheureusement, de nombreuses autres femmes. Sur le lieu de travail, les réactions envers les femmes qui se distinguent sont souvent dégradantes et hostiles. Pour survivre socialement, elles cachent leurs capacités afin de ne pas être considérées comme une menace pour les autres. Comme l’avoue la réalisatrice américano-britanique – et surdouée notoire – Ida Lupino : « Les hommes détestent les femmes autoritaires. Parfois, je fais semblant d’en savoir moins que je n’en sais. »
Souvent attaquée car perçue comme dangeureuse (car atypique), la femme surdouée à tendance plus que les hommes à cacher ses talents, à jouer la cruche pour se protéger
Même si, à un niveau conscient, une femme surdouée n’est pas d’accord avec le fait de se cacher et de se « rétrécir », à un niveau subconscient, la jeune fille qui souhaitait être choisie dans la cour de récréation, qui avait un profond désir d’appartenance, peut toujours diriger le spectacle et saboter sa réussite dans la vie. La plus grande tragédie est que la femme surdouée qui fait semblant d’être moins capable finit par oublier son véritable potentiel et disparaît dans la foule. Pour de vrai cette fois-ci.
Croire qu’elles ne peuvent pas être les deux
Historiquement, les femmes se voient attribuer le rôle de nourricière, dont la tâche principale est de s’occuper du foyer et de nouer des relations. Selon Gilligan (1982), le sens de l’intégrité de nombreuses femmes est lié à une « éthique du soin », ce qui signifie qu’elles se définissent dans le contexte des relations humaines et se jugent en fonction de leur capacité à prendre soin des autres. Bien qu’il s’agisse d’une qualité précieuse, il est déformant d’évaluer la valeur d’une femme uniquement sur la base d’une mesure unidimensionnelle.
L’éthique du soin inculquée aux jeunes filles peut inhiber leurs capacités réelles, surtout quand elles sont supérieures à la moyenne
L’éthique de la sollicitude touche plus particulièrement les femmes surdouées qui ont des obligations relationnelles et familiales, mais qui ont aussi leurs propres rêves et aspirations (Reis, 1998). Les recherches ont montré que de nombreuses femmes douées, entre le début de la vingtaine et la fin de la quarantaine, se sentent coupables de faire ce qu’elles veulent pour elles-mêmes.
Malheureusement, de nombreuses cultures poussent encore les femmes à choisir entre le travail et le mariage. En particulier dans de nombreuses cultures collectivistes et asiatiques, les femmes sont poussées à donner la priorité aux « tâches de la vie de couple », comme le mariage, et il leur reste peu de temps et d’énergie pour leur propre travail créatif. Malgré les changements sociétaux, elles ont toujours l’impression qu’elles doivent choisir entre les relations et leurs propres aspirations – qu’elles n’ont pas le droit de poursuivre les deux. Elles peuvent être soit compétentes, soit nourricières, mais pas entières et intégrées.
Des défis professionnels uniques pour les femmes douées
Aux obstacles psychologiques mentionnés ci-dessus s’ajoutent les défis inhérents au simple fait d’être surdouée et intense. Les femmes surdouées sont confrontées à des complexes et des problèmes spécifiques sur leur chemin :
– Reconnaître et travailler avec la multipotentialité. Les personnes multipotentielles ont de multiples intérêts, poursuites et capacités dans la vie. Il se peut que vous n’ayez pas de « vocation unique » comme les spécialistes. Vous pouvez être aussi talentueux dans de nombreux domaines ou avoir de multiples aspirations professionnelles ou réalisations. (Pour en savoir plus sur ce concept, je vous renvoie au brillant travail d’Emilie Wapnick. Vous pouvez regarder sa conférence Ted)
– L’angoisse et l’agitation causées par l’écart entre votre situation actuelle et celle que vous souhaitez atteindre, entre votre situation actuelle et votre vision. Cela peut être douloureux, mais un tel conflit intérieur n’est pas pathologique, c’est plutôt l’élan de la croissance et du développement.
– Trouver le bon mentor : En raison de votre haut niveau d’intensité et de sensibilité, vous avez pu être mal compris ou mal diagnostiqué par des enseignants, des thérapeutes ou d’autres figures d’autorité qui n’ont aucune connaissance de votre nature unique et complexe.
– Gérer vos niveaux d’énergie, canaliser et concentrer vos intensités émotionnelles, intellectuelles et physiques. Atteindre l' »état de flux » afin de maximiser la productivité.
– Guérir du traumatisme plus ou moins fort lié à la différence pendant la jeunesse et de la solitude liée au fait de ne jamais se sentir à sa place.
– Gérer les attentes des autres, contribuer au monde sans être exploité. Fixer des limites saines à la maison et au travail.
– Désamorcer la jalousie toxique, le ressentiment, les amitiées douces-amères et les attaques des autres. Non seulement vos pairs, mais aussi vos patrons, vos directeurs et vos supérieurs peuvent se sentir menacés par vous. Vous pouvez également avoir des approches nouvelles des choses que les autres ne sont pas prêts à entendre ou à travailler, ce qui vous attire le rejet et le ressentiment.
Pour aller plus loin : les lectures recommandées par le blog
La Femme surdouée: Double différence, double défi
Par Monique de Kermadec
Ecrit par une référence absolue en la matirère , cet ouvrage met parfaitement en lumière les enjeux spécifiques aux femmes surdouées, et propose une batterie d’outils pour mieux mettre en valeur leur potentiel !
La Femme surdouée: Double différence, double défi (livre résumé et analysé)
Par Aurélie Dorchy
C’est vrai qu’avec une vie pro et une vie de famille, on a pas toujours le temps de lire des centaines de pages ! Alors seconde recommandation; la fiche résumée et analysée du livre de M. de Kermadec « La Femme Surdouée ». Gain de temps et stimulation neurologique garantis !
Femmes à haut potentiel intellectuel et sensible: N’ayez pas peur d’être hors-la-norme
Par Fanny Marais
Un Hymne à la liberté des femmes surdouées. Se concentrant sur les surdouées ayant construit des parcours atypiques, ce livre vous aidera à briser les barrières pour exprimer pleinment votre potentiel !
Le monde a besoin que vous soyez vous-même
Le monde a désespérément besoin que vous vous mettiez en avant. Non seulement vous cacher et vous rétrécir vous rendrait malade et aigrie, mais jouer petit ne sert pas le monde.
Être surdoué ne vous rend pas arrogante. Cela signifie simplement que vous êtes différente
Ce n’est ni positif ni négatif, et cela ne rend pas la vie plus facile qu’elle ne l’est pour les autres. Après tout, lorsqu’on vous donne la capacité, on vous donne aussi la responsabilité de manifester votre potentiel.
Les femmes éminentes ont un sens de l’individualité dans leur style de vie. Elles choisissent des partenaires qui apprécient leurs objectifs et les considèrent comme des égaux. Elles combinent leur carrière et leur famille – si elles en veulent une, conventionnelle ou non – de manière créative. Ils sont tous tombés amoureuse d’une idée.