Qu’est ce que la Dysphasie ?

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La dysphasie est un type de trouble dans lequel une personne a des difficultés à comprendre le langage ou à parler en raison soit d’un fonctionnement cognitif atypique, soit d’une lésion des parties du cerveau responsables de la communication.
Si l’apparition de la Dysphasie n’est pas liée à un accident, l’on parlera alors de trouble primaire du langage et donc de trouble neurodéveloppemental (inné donc).  Les symptômes de la dysphasie peuvent varier en fonction du caractère inné  ou du type de dommage subi (commotion d’une aire cérébrale spécifique, AVC…).
Dans sa forme la plus sévère, la dysphasie est appelée aphasie – et est alors généralement consécutive d’un accident. Enfin la dysphasie ne se soigne pas, mais les symptômes peuvent être amoindris via un accompagnement spécifique.

Qu’est-ce que la Dysphasie ?

Pour donner une définition de la Dysphasie : la dysphasie se définit comme une pathologie congénitale, durable et primaire, impliquant un trouble de l’apprentissage et du développement du langage : le dysphasique subit une altération de sa capacité à parler oralement ou par signes, et de ses capacités de compréhension de la langue parlée.

L’enfant dysphasique éprouvera donc des difficultés à comprendre ce qu’on lui dit, mais aussi à s’exprimer alors même qu’il possède le vocabulaire pour le faire.

L’étymologie du terme dysphasie est grecque et accole le préfixe dys (« mauvais, erroné, difficile ») au radical grec phasis (« parole, langage »). « Dysphasie » signifie donc « mauvais langage » et/ou « parole difficile ».

La dysphasie s’exprime par un déficit permanent et circonscrit au seul domaine du langage. Il ne faut donc pas la confondre avec les troubles dits « fonctionnels » qui, eux, impliquent un simple retard réversible dans le développement du langage. C’est la raison pour laquelle, afin de différentier la dysphasie des troubles fonctionnels, on considère que le diagnostic ne se fait pas avant l’âge de 5 ans (voir 6 ans selon certains spécialistes).

On considère qu’environ 2% de la population présente des troubles dysphasiques, en très grande majorité des garçons. Pourtant elle n’est pas systématiquement détectée, les symptômes liés à la dysphasie pouvant présenter des degrés très divers de sévérité.

Comme pour l’ensemble des troubles Dys, encore mal connus, le diagnostic se fera par exclusion, c’est-à-dire après élimination de toutes les autres formes de pathologie pouvant expliquer une non acquisition du langage écrit ou parlé. Ainsi dans le diagnostic, on éliminera la potentialité d’un retard intellectuel, d’une malformation des organes phonatoires (eg. qui servent à parler), d’une carence éducative et affective importante….

Le diagnostic de la dysphasie implique donc un assez grand nombre de tests et de bilans visant à éliminer individuellement chaque cause connue pouvant expliquer les difficultés de l’enfant, mais nous reviendrons à ce point plus tard.
De manière générale, la Dysphasie est accompagnées de un ou plusieurs autres troubles du développement : au cours du processus de diagnostic, il sera important de les identifier afin de proposer la meilleure rééducation / le meilleur traitement.

Pour plus d’information sur la définition de la dysphasie, vous pouvez vous en référer au site AMELI; site de l’Assurance Maladie Francaise
Pour les enjeux liés à la scolarisation d’un(e) petit(e) dysphasique, je vous renvoie au dossier très complet sur le blog spécialisé DYS-POSITIF. Et pour ceux qui restent sur ce site, l’article continue sous la vidéo :)


Une très bonne définition de la Dysphasie en vidéo:


Comment reconnaître la Dysphasie ? Quels en sont les signes et symptômes ?

Il existe trois grandes catégories de symptômes dysphasiques. Au-delà de cette classification ; certains signes peuvent vous mettre la puce à l’oreille:

  • Nourrisson : Absence de babillement, bébé reste assez silencieux
  • Nourrisson : Bébé ne réagit pas aux sons de la voix
  • Nourrisson : Bébé ne place pas sa voix : les sons qu’il émets ne sont pas mélodieux.
  • Enfant : Aucune communication orale et faible communication visuelle (pas trop de contact visuel)
  • Enfant : faible intérêt pour les autres enfants et adultes, aucuns intérêts pour leurs jeux.
  • Enfant/Nourrisson : troubles du comportement, colères subites et intenses
  • Enfant : Ne saisit pas ce qui n’est pas concret (métaphores…)
  • Enfant : Difficultés dans la gestion du temps et de l’organisation – notamment en termes de planification et réalisation d’objectifs.

La dysphasie expressive : Elle se traduit par une altération des capacités d’expression. Les symptômes seront alors concentrés sur l’élocution : Paroles incompréhensibles, mots isolés sans connecteurs logiques, discours de type télégraphiques

La dysphasie réceptive ou de réception : Elle se traduit par une altération des capacités de compréhension. La compréhension des messages oraux sera incomplète, on observera une grande difficulté à « trouver le mot juste », ou « à trouver le mot », certains discours seront incohérents (par exemple substitution de mots n’ayant pas la même définition). Enfin l’écriture sera très difficile.

La dysphasie Syntaxique : Elle se traduit par une désorganisation de la syntaxe grammaticale de la phrase. Les phrases seront mal structurées et formulées en style télégraphique avec de potentiels manques de mots.

Les dysphasiques sembleront être un peu dépassés, ne pas bien comprendre, ce qu’ils entendent et voient. De même ils se perdront dans le scénario d’un film ou raterons des éléments de l’histoire qui paraissent pourtant évidents. De même ils éprouveront de grandes difficultés à s’exprimer correctement et saisir les nuances du langage, comme par exemple, des allusions ou des jeux de mots. D’ailleurs l’humour ne sera pas compris par un dysphasique s’il est véhiculé par le langage, alors qu’il le sera parfaitement chez le même individu dès lors qu’il passera par une image.

Généralement les Dysphasiques sont souvent perçus comme ayant un vocabulaire limité ou un débit de parole saccadé et hachuré. Leur langage est moins mature que les autres aspects de leur développement : ils parleront tard et mal et auront besoin de beaucoup plus de temps de réflexion pour formuler une phrase.

Quelles sont les différentes formes de Dysphasie ?

La dysphasie peut prendre plusieurs formes exprimant plus ou moins sévèrement la liste des symptômes énumérés ci-dessus. On distingue généralement 5 types principaux de Dysphasie. Concernant les formes de la dysphasie, il faut souligner l’existence d’un  dossier sur le site du CHU de Nancy

La dysphasie phonologico-syntaxique

C’est la forme la plus fréquente de Dysphasie : l’enfant comprend mieux qu’il ne s’exprime. Le trouble est donc d’abord phonologique : on ne comprend pas l’enfant quand il s’exprime jusqu’à ses 7 ans minimum. Les difficultés phonologiques, si elles sont les plus voyantes masquent souvent un agrammatisme : l’enfant s’il sait différencier une phrase grammaticalement correcte d’une phrase dont la structure grammaticale est incorrecte, n’est pourtant pas capable de s’exprimer avec une syntaxe normale.
On retrouvera donc un style télégraphique (Hypo spontanéité verbale), une sous-utilisation des pronoms et des conjonctions de coordination. De même le temps verbal sera utilisé de manière inappropriée. Enfin langages et vocabulaire resteront pauvres.
En termes de compréhension, l’enfant peut développer une agnosie verbale (incapacité à comprendre les mots entendus). Néanmoins la compréhension générale de la phrase peut être bonne, si elle ne comporte aucun sous-entendus.
Enfin pour ce type de Dysphasie, l’apprentissage de l’écriture n’est pas impossible mais sera assez complexe, avec des difficultés récurrentes d’orthographe.

La dysphasie lexico-sémantique

C’est une autre forme assez courante de la dysphasie. On dissocie généralement la dysphasie lexico-sémantique en deux sous catégories :

La dysphasie anomique dyssyntaxique : manque du mots, compréhension de la langue difficile, déviance syntaxique continuelles

La dysphasie anomique normosyntaxique : reprends les caractéristiques de la forme précédente, mais avec une plus grande capacité à maitriser la syntaxe et la phonologie.

De manière générale, les symptômes de la dysphasie lexico-sémantique seront alors plus spécifiques à la compréhension du langage et de ses termes. Sous cette forme, l’enfant aura des difficulté à trouver ses mots et éprouvera des difficultés particulières pour dénommer, raconter une histoire, commenter un texte ou un récit.
Cette forme de dysphasie s’accompagne également de difficultés dans l’apprentissage de l’écriture et de troubles de la compréhension du langage écrit ou parlé.

La dysphasie sémantico-pragmatique (ou « cocktail syndrome party ») ;

Cette forme de dysphasie se caractérise généralement des autres par le fait que l’enfant atteint présentera une excellente mémoire auditive, peu de troubles de l’élocution et un vocabulaire relativement riche.

Néanmoins, le langage ne véhiculera que peu d’idée et semblera décorrélé du contexte et globalement assez peu compris (alors même qu’il est prononcé). De même on retrouvera certains troubles de la compréhension quand les situations sont inhabituelles (en cas d’humour par exemple) ou lors de tournures de langage spécifiques (métaphores, consignes complexes, question ouverte)

On observe généralement un certain nombre de troubles associés à cette forme de dysphasie (d’où le surnom de « cocktail syndrome party », ou premier lieu desquelles, des troubles de la pensées (la conceptualisation et l’abstraction sont difficiles). On notera aussi des difficultés à organiser les choses  (comme par exemple faire un plan en classant des éléments en catégories ou sous-catégories). De même, l’orientation dans l’espace, la projection dans le temps, les capacités d’attention de manière générale seront perturbées. Enfin, la mémoire verbale sera déficiente.

La dysphasie phonologique ;

Dans ce type de dysphasie, on retrouvera principalement des difficultés d’élocution : les phonèmes seront systématiquement altérés rendant l’enfant inintelligible, alors même que ces phonèmes peuvent être répétés de manière isolés et spécifiques. La succession et le fait de prévoir l’élocution d’un phonème semble donc le plus problématique.

Par contre la compréhension et la capacité à créer des syntaxes grammaticalement correctes ne sont que légèrement atteintes. Cela ouvre la voie à une forme de traitement plus efficaces car sous cette forme la dysphasie n’empêche pas l’apprentissage de concepts (mais elle le complexifie grandement quand même).

La dysphasie réceptive ou par agnosie verbale.

Cette forme de dysphasie est assez sévère, elle se manifeste par des comportements habituellement retrouvés chez les enfants sourds. En effet la dysphasie réceptive consiste principalement en une incapacité à reconnaître les sons du langage. A cela s’ajoute une parole très rare voir absente qui nécessite une communication par signes, gestes ou onomatopées. Le vocabulaire est assez pauvre et le risque de replis autistique est extrêmement fort. En effet cette incapacité à communiquer génère angoisse, voir agressivité, chez le sujet condamné à ressentir sans pouvoir exprimer.

Quelles sont les causes de la Dysphasie ?

On considère souvent que la principale cause de Dysphasie est une hérédité, et donc génétique.

Pour dire vrai, aucune explication scientifique et rationnelle ne vient solidement étayer cette théorie. Néanmoins la recherche a constaté que l’existence d’antécédents familiaux étaient statistiquement plus élevée dans le cas des affections « Dys » que dans d’autres troubles neuromoteurs.

Au niveau individuel, la dysphasie trouve son origine dans un fonctionnement sous optimum des structures du cerveau impliquées dans le langage, soit l’hémisphère gauche pour la plus grande majorité des humains. On retrouve aussi chez les personnes aphasiques un fonctionnement anormal dans les aires avoisinantes qui, elles, sont responsables des fonctions autres que le langage. C’est la raison pour laquelle, l’aphasie n’est généralement qu’une composante de troubles plus larges : le trouble du langage étant particulièrement « voyant », on est à même de le repérer plus vite, mais il faut aussi prendre en compte le fait que la dysphasie est en fait un ensemble de déficits qui touchent d’autres aspects neuropsychologiques comme l’attention, la mémoire, la planification et l’organisation et enfin la motricité.

La cause réelle de cet ensemble de dysfonctionnement n’est pas encore parfaitement connue ; et c’est bien pour cela que le diagnostic de la Dysphasie se fait par exclusion des autres affectation connues. La recherche à encore de beaux progrès a faire pour que l’on puisse commencer à véritablement comprendre les origines de la dysphasie.

Comment diagnostiquer la Dysphasie ?

Le diagnostic passe par un bilan médical assez complet dont le point d’orgue est le bilan orthophonique. Si vous avez besoin d’aide dans cette étape de diagnostic, rapprochez vous de l’AAD; l’Association Avenir Dysphasie. Cette dernière est très active et pourra vous donner accès à un ensemble de ressources précieuses pour vous aider dans l’ensemble des défis liés à la dysphasie.

Pour le cas de troubles dys on parle de diagnostics pluridisciplinaires qui seront coordonnés par un médecin (par exemple le médecin traitant ou le médecin scolaire). Ce bilan doit être déclenché suite à la persistance des difficultés, et ce, malgré un premier suivi régulier par un orthophoniste. De manière générale, avant toute décision sur un parcours scolaire adaptés, ou une aide éducative spécifique, il convient d’effectuer un tel bilan. Votre médecin traitant pourra vous guider dans les différentes étapes et sur le choix du moment le plus adapté au test. Si votre médecin n’est pas sensibilisé aux troubles dys, vous pourrez vous tourner vers des neuropsychologues ou pédopsychiatres spécialisés. Vous trouverez ici une liste des centres spécialisés par régions. Bien souvent ces centres dépendent des CHU (Centre Hospitaliers Universitaires): vous pourrez trouver la liste des contacts ici

Un diagnostic différentiel

En tout premier lieu, l’enfant doit subir un diagnostic différentiel. Il s’agit la d’écarter toute autres causes potentielles à la dysphasie. Un examen ORL et audiométrique pour détecter une éventuelle surdité qui était passée jusqu’ici inaperçue.

Un examen neurologique pour pouvoir aussi détecter d’éventuels troubles non liés à une aphasie potentielle. Enfin, un bilan psychométrique (tests de QI) permettra d’évacuer l’éventualité d’un retard mentale et permettra de dresser un profil de l’enfant et de quantifier son QI. Cela est d’autant plus important que les fonctionnement neurologiques atypiques sont souvent conjugués avec une forme de surdouance, et des profils très hétérogènes (des niveau de performance très différents en fonction de l’aspect de l’intelligence testé)

Un bilan orthophonique

Il s’agit la d’effectuer un bilan de langage: cette démarche ne vous engage pas, elle est à titre consultatif. Dans un premier temps l’orthophoniste va rencontrer l’enfant et ses parents pour mener un entretien lui permettant de mieux appréhender le contexte de l’enfant : les antécédents familiaux et les symptômes qui ont poussé les parents à franchir sa porte.

Ensuite, l’orthophoniste va décider et prescrire une batterie de test pour déterminer un profil du rapport de l’enfant au langage.

Cette évaluation va se concentrer sur l’articulation, la capacité à répéter syllabes et voyelles. Il testera l’élocution de mots de plus en plus compliqués et validera l’aptitude à s’exprimer correctement de manière générale. Lors de ce test, l’orthophoniste va préciser les schémas sous efficients : l’enfant est invité donner le nom d’une forme qui lui est présentée (une voiture par exemple) ; l’orthophoniste observe alors si le mot est correctement prononcé.

Au terme de la démarche, un bilan sera formulé en personne par l’orthophoniste. N’hésitez pas, lors de ce bilan, a bombarder le professionnel de questions : il est la pour cela et connait bien l’ensemble des structures qui peuvent vous venir en aide.

Comment guérir de la dysphasie ?

Il convient de souligner que l’on ne guérit pas de la Dysphasie, dès lors qu’elle est innée. Mais bien évidemment, dysphasie n’est pas synonyme d’échec d’une vie, loin de là !!!! Par contre cela va singulièrement alourdir votre emploi du temps…

Après 5 ans, la rééducation est impérative et intensive (minimum 3 à 4 séances hebdomadaire).

De même, en raison des problèmes que rencontrent les personnes dysphasiques l’école, voir la maison, peut représenter un environnement assez stressant. De manière générale, les problèmes iront en s’aggravant au fur et à mesure que le dysphasique progressera dans le système scolaire (et donc que les exigences quant à la maîtrise de la langue augmenteront). En conséquence il convient de prévoir aussi un suivi psychologique de l’enfant par un psychologue spécialisé.

Cela l’aidera à assumer la frustration que génère son sentiment de différence et sa difficulté à exprimer ce qu’il ressent pourtant. De même cela l’aidera dans son processus de socialisation, son trouble lui rendant la tâche particulièrement ardue.

Les activités normales de son âge : cheval, gym, bateau : l’enfant dysphasique est avant tout un enfant et sa différence ne doit pas le condamner à ne fréquenter que des blouses blanches… ne lésinez pas sur les activités propres à son age : il a tellement besoin de changer d’air !

De manière générale, n’oubliez pas que des ressources peuvent vous aider et notamment la Fédération Francaise des Dys qui héberge l’Association Avenir Dysphasie. Mieux qu’un modeste article de blog, elles vous mettront en contact avec de vrais experts certifiés.

Quant à moi, il ne me reste qu’une chose à dire : comme vous le savez, un enfant reste un enfant et son besoin premier est votre amour ! Alors je vous souhaite de tout cœur un immense bonheur en famille avec votre petit(e) dysphasique.

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