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Comprendre la Dysorthorgraphie | Trouble de l’Orthographe

6 minutes de lecture.

Le jour faiblit à travers les carreaux, dans la classe on entendrait une mouche voler. La maitresse vient de corriger les dictées de la veille et chacun attend, heureux ou angoissé, la note qu’il ramènera le soir à ses parents.

Dans le fond de la classe, le petit Jean ne se fait aucune illusion. L’orthographe et lui, c’est pas vraiment ca… Il attend patiemment, mais là, surprise, au lieu du « Jean. 1/10 » (annonciateur d’une nouvelle soirée vraiment pas gaie), la maitresse lui décroche un « Jean, je voudrais te voir avec tes parents, je pense savoir comment t’aider avec les dictées ».

La bonne nouvelle pour le petit « Jean » c’est que la veille, la maîtresse à découvert lors d’une conférence la Dysorthographie… Et dans sa tête, ça ne fait aucun doute, elle en tient un sous son nez : c’est lui, le petit Jean…

Ce que la maîtresse à compris, c’est que le petit dysorthographique aura beau se démener comme un diable, la dictée sera toujours saluée par un zéro pointé… Toujours ? Non pas vraiment, une rééducation peut aider, mais nous en parlerons plus tard.

Pour le moment laissons là Jean et sa maitresse et voyons un peu plus en détail ce qu’est la dysorthographie.

La dysorthographie un trouble responsable de difficultés orthographiques sévères

La dysorthographie est un trouble de la famille des « Dys » qui regroupe l’ensemble des problèmes d’apprentissage du langage sous forme orale ou écrite. Vous aurez surement déjà entendu parler de dyslexie… Eh bien par certains aspects la dysorthographie y ressemble.

La dysorthographie est un trouble inné et persistant de l’acquisition et l’assimilation de l’orthographe : incapable de s’approprier les règles inhérente à l’orthographe, l’enfant et l’adulte éprouveront de grandes difficultés dans l’utilisation de la langue écrite ; qu’elle lui soit dictée ou qu’il écrive de manière spontanée.

La dysorthographie peut être développementale (innée ; la forme qui nous intéresse ici) ou acquise suite à une lésion cérébrale (on parlera alors plutôt d’agraphie).

Les principales difficultés liée à la dysorthographie porteront, bien entendu, sur l’orthographe des mots, mais aussi sur l’utilisation des espaces (des mots seront collés : « ladictée ces malpacé » et la retranscription des sons propre à un mot (soit en supprimant des sons « pope » au lieu de « propres / soit en en ajoutant «praopres » au lieu de « propres » ).

En outre la conjugaison, les accords et la syntaxe générale des phrases ne seront pas acquis.

En conséquence, le petit dysorthographique écrit très lentement avec une grande pauvreté du contenu retranscrit, et ce, alors même qu’à l’oral il est brillant.

Quelles sont les causes de la dysorthographie ?

Comme pour l’ensemble des troubles « Dys » , les causes sont à chercher dans un fonctionnement neuronal atypique : certains réseaux du système neuronal, censés collaborer entre eux pour traiter une séquence (écrire ; lire..) ne communiquent pas d’une manière optimale.

C’est donc un trouble essentiellement neurologique : l’enfant peut être surdoué, élevé dans un environnement familiale et social optimal et pourtant présenter une forme de Dysorthographie.

Il convient aussi de souligner l’importance de la génétique et de l’hérédité dans l’apparition des troubles « Dys » : si votre enfant est diagnostiqué « Dys », il y a de forte chance qu’un de ses parents proche soit atteint par un syndrome similaire.

Quelles sont les signes de la dysorthographie ?

Les signes de Dysorthographie avant l’apprentissage de l’écriture

  • Difficulté dans l’apprentissage du langage orale : parle tard avec un vocabulaire pauvre et confond souvent les sons
  • Difficulté à se repérer dans l’espace
  • Difficulté à se repérer dans le temps
  • Des dessins grossiers et peu représentatifs
  • Difficulté de mémorisation

Les signes de Dysorthographie à l’Ecole et au Collège

  • Une orthographe calamiteuse
  • Difficulté à reconnaitre les lettres, les intervertis
  • Un retard dans l’acquisition de la lecture, lecture lente et saccadée
  • Un écart important entre les capacités de raisonnement à l’oral et la qualité de retranscription du raisonnement à l’écrit (semble ne pouvoir réfléchir qu’a l’oral)
  • Une écriture malabile et peu lisible
  • Des difficultés de compréhension des notions lues, alors que la compréhension orale est bonne.

Comment diagnostique t on la Dysorthographie ?

La dysorthographie est un diagnostic d’exclusion : c’est-à-dire que l’on va exclure toutes les autres pathologies connues pouvant expliquer les symptômes perçus. En conséquence le diagnostic implique de passer plusieurs test et réaliser plusieurs bilan, sous la coordination du médecin traitant ou du médecin scolaire.

Ainsi il est recommandé d’effectuer :

  • Chez un psychologue : bilan psychométrique (test de QI et bilan de personnalité.
  • Chez l’orthophoniste : bilan orthophonique complet viasant notamment à détecter d’autres syndromes Dys (en effet la dysorthographie est régulièrement accompagnée de dyslexie)
  • Potentiellement, chez un neuropédiatre ou un neuropsychologue: un test pour détecter d’éventuels troubles neuromoteurs.

Et après : comment aider mon petit dysorthographique ?

Aider le petit dysorthographique : la rééducation orthophonique

Le traitement de la dysorthographie consiste essentiellement en une rééducation orthophonique. Cette rééducation est personnalisée et, vise à apprendre à l’enfant des stratégies pour contourner, voir maîtriser certains aspects de son troubles qui sont les plus gênants.

Un focus particulier sera porté sur

  • La rééducation des processus d’apprentissage (trouver des moyens mnémotechniques , apprendre à mieux visualiser les mots)…
  • Etude et entrainement pour l’identification des correspondances phonèmes-granèmes (entre les sons et les lettres)
  • Etude et apprentissage des exceptions et des règles orthographiques complexes

Généralement une rééducation sérieuse aura un rythme soutenu : environ 2 séances hebdomadaires. Néanmoins les premiers progrès sont visibles au bout d’un mois et demie environ.

Aider l’élève dysorthographique à l’école

Dans le cadre scolaire, pour ne pas les pénaliser et augmenter leur dévalorisation mais plutôt les aider à progresser efficacement en parallèle d’un travail orthophonique, les enfants souffrant de dysorthographie peuvent, suite au bilan neuropsychologique, bénéficier de certaines aides :

Tiers temps pour la réalisation des travaux de rédaction

Attention spéciale portée sur la relecture (on donne un peu plus de temps à l’enfant pour lui permettre de relire ses devoirs avec une passe pour vérifier la bonne écriture des mots (et non la simple retranscription des sons), et une passe dédiée à l’analyse des accords et une troisième pour valider les accords sujet-verbe.

De même il ne faut pas négliger l’impact psychologique que le sentiment d’échec peut faire naître chez l’enfant dysorthographique. Une coordination régulière avec les professeurs peut être mise en place, afin que la notation « pardonne » les erreurs d’orthographe (souvenons-nous des affreux « -2 pour l’orthographe ») et que l’élève puisse avoir sous les yeux les principales règles orthographiques dans les examens.

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