Entre différence et adaptation, le dilemme quotidien de l’adulte surdoué

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Les surdoués : infiltrés dans ce bas monde ? Le surdoué à conscience de sa différence même s’il ne sait pas exactement pourquoi il se sent différent ou  en décalage avec la société qui l’entoure. Ce sentiment est plus ou moins inconscient  tant qu’il n’a pas été détecté, la détection étant le moment durant lequel il comprendra sa différence.

Ce sentiment de décalage l’amène presque systématiquement à déployer des efforts considérables pour s’adapter à son environnement et masquer sa différence pour se fondre dans la masse. Mais pourquoi ce sentiment de décalage ? Après tout l’on ne parle que de QI et de schéma de pensée arborescent ou non ? En fait la différence des surdoués ne se résument pas à des structures cognitives car ces dernières influent – bien évidemment – sur sa personnalité et son comportement. Alors pourquoi se sent il si différent ce surdoué et pourquoi éprouve t il le besoin de se fondre dans la masse ?

En effet l’Homme reste un animal grégaire, et personne ne veut être le rennes au nez rouge..
Ce reflexe du caméléon provient souvent d’un sentiment d’être « trop » pour le monde qui l’entoure : trop compliqué, trop émotif, trop  tout en fait. Mais le réflexe de masquer sa douance n’est pas sans impact pour le sujet surdoué : mal-être, sentiment de se perdre ou de passer à côté de sa vie, de sonner creux comme une colonne en stuc…
Cela peut l’amener a « perdre » certaines caractéristiques de sa douance, la créativité en premier lieu.

Au-delà des QI, structure cognitive et arborescence la personnalité surdouée est différente – et donc potentiellement mal comprise

Pour comprendre sa différence, il  faut savoir que le surdoué ressent plus

Le surdoué est un hypersensible
L’hypersensibilité se définie comme une faculté à réagir de manière plus intense que la moyenne à un stimuli positif (une joie) ou négatif (une peur ou une tristesse), entrainant une impression chez les tiers de réaction exagérée ou extrême (« tu sur-réagis ! »). [Pour plus d’information, voir l’article dédié à l’hypersensibilité] Cette hyper-sensibilité n’est pas uniquement sentimentale, elle concerne l’ensemble des sens de l’individu : un tissus peut irriter ou gratter, une odeur peut obséder, un son peut faire mal.

La faute au cerveau, bien sûr : la vitesse de transmission de l’information et l’absence de priorisation des informations doublée d’une capacité supérieure de traitement des stimuli  font que le surdoué vit constamment avec un bruit de fond d’émotion et de sensation.
Le même pull grattera toutes les peaux, seulement chez le surdoué l’information « Ca gratouille ! » sera constamment traitée et restitué contrairement à l’individu normal qui, absorbé par l’ensemble de ses tâches ne s’en « rappellera » qu’une ou deux fois dans la journée lorsque le flux d’informations autour de lui sera moins important. Considérant cela, « la soutenabilité de la gratouille » (si si !) est bien moindre chez le surdoué parce que la fréquence de répétition de l’information est infiniment plus élevée.
Au-delà même de la répétition des informations, le surdoué va ressentir la même émotion avec une plus grande force que le sujet normal. Cette intensité émotionnelle trouve elle aussi son origine dans le fonctionnement neuronal : tout d’abord leur capacité de traitement leur font prendre conscience de l’ensemble des facettes d’une situation heureuse ou malheureuse ensuite, le surdoué mobilise plus d’aires cérébrales que la moyenne, rendant l’ensemble des émotions plus forte.

Empathie et Injustice : le surdoué ressent plus et pas que pour lui
Ses sens étant plus affutés et sa sensibilité plus aiguisée, le surdoué est fortement empathique : il ressent ce que ressente les autres presque mieux que la personne qui ressent effectivement.
Ainsi le surdoué est un véritable aimant à émotion des autres et sont donc capable de deviner les peines ou les besoins presque avant même que celui qui les éprouve les conçoives. En cela les surdoués peuvent être d’une formidable gentillesse, s’ils ne se sont pas blindés contre le monde extérieur d’une manière ou d’une autre. Cet altruisme qui nait de la communion des émotions est une bénédiction au moins tout autant qu’une malédiction. Tout dépend de comment l’individu surdoué a appris – ou non –  à le gérer. Une bénédiction car le surdoué peut s’épanouir pleinement dans le bien qu’il peut apporter autour de lui et dans la compréhension des forces sous-jacentes à chaque interactions sociale. Une malédiction si, mal gérée, cette empathie le laisse dans les griffes d’un pervers quelconque qui aura su faire levier de l’empathie éprouvée par le surdoué pour installer sa domination. Une malédiction aussi si le surdoué souffre de sa sensibilité en étant agressé par la douleur du monde et par les stimuli que celui-ci ne cesse d’envoyer.
Cette empathie et sa grande lucidité font que le surdoué est généralement très sensible à l’injustice qu’il ne tolère pas.

Volatil ?  Versatile ? Non : surdoué

Le surdoué aime explorer. Il profite de ses formidables capacités pour apprendre toujours plus. Pire même dans certaines situations ne pas savoir est une angoisse. Alors il peut s’intéresser à une très grande variété de sujet : Poésie, Astronautique, sociologie, physique quantique il n’a de limite que celle de sa sensibilité à un type de matière…. Mais il peut paraitre volatil. En effet la recherche et le traitement de l’information l’intéresse plus que tout : une fois qu’il a le sentiment d’avoir fait le tour d’une matière ou d’un job on le voit soudainement tourner casaque pour se ruer dans un champ nouveau. Empiriquement, on retrouve chez les surdoués (du moins ceux épanouis) des parcours professionnels très atypiques ! Un plombier qui était traducteur d’ambassade puis professeur de langues tout en ayant étudié la biologie des fourmis amérindiennes…. Changer de centre d’intérêt est vital pour lui, parce que cela lui permet d’occuper un esprit qui ne s’arrête jamais en se reposant d’une idée par le traitement d’une idée complètement différente.

Cela n’est évidemment pas sans conséquences notamment pour les plans de carrière ou la légitimité est bien souvent fonction de l’ancienneté et non de l’expertise (N’avez-vous jamais entendu cette phrase horripilante : « c’est un expert hyper compétent : il a 10 ans de métier ! »… Cela vaut tout aussi bien pour le privé que pour le public d’ailleurs). C’est peut être une raison pour laquelle on retrouve beaucoup de surdoué dans les nouvelles technologies : matière par définition nouvelles et donc peu structurées ; le surdoué s’y épanouis car il peut traiter autant de sujets différents qu’il y a peu de réelle expertise « spécialisée » dans son environnement…

Haut Potentiel Intellectuel : une créativité explosive

Le surdoué est donc un peu comparable au LHC : comme un flux continu de concepts qui s’enchevêtrent, se heurtent fusionnent et produisent un plasma de nouveaux concepts sous de nouvelles formes….
Possédant une plus grande capacité à remarquer et traiter les détails et ayant plus de facilité à conceptualiser, le surdoué est généralement un être très créatif. Au-delà de ces éléments que nous avons déjà largement abordés dans l’article, on peut ajouter que le e déficit d’inhibition latente peut être une piste d’explication tout à fait crédible. En effet le cerveau submergé par diverses informations hétéroclites envoyées par les cinq sens hypersensibles  va favoriser la création d’analogies et produire de nouvelles informations combinées qui s’exprimeront sous une forme spécifique à un sens : un son, une image, une métaphore…

D’ailleurs bien souvent quand l’on demande à un surdoué de parler d’une situation l’ayant impliqué émotionnellement, il fera appel aux couleurs pour traduire ses sensations. Telle situation lui évoquait le rouge ; telle autre le bleu.

Cette créativité s’exprime notamment par l’humour qu’on généralement les personnes surdouées. Toujours subtile, parfois métaphorique, l’humour des surdoués est une des armes sociales d’individus qui au final en compte un peu moins que l’individu moyen. Encore faut il que ces blagues soient comprises par les personnes alentours ; et c’est pourquoi bien souvent le surdoués explique directement ses traits d’humour, juste pour être sûr et certain que ceux-ci ne soient pas accueillis comme d’habitude par un silence un peu gêné.

En conséquence il doit déployer des stratégies pour vivre surdoué dans un monde pas toujours très doué

La lucidité et l’exigence des surdoués

Les surdoués ont un sixième sens, lisais je dans un blog non spécialiste qui traitait du sujet… Oui et non : Ils ne sont pas des Mme Irma extralucides et omniscients donc on oublie le terme sixième sens au sens propre. Par contre étant capable de recontextualiser toutes les informations qu’ils reçoivent, remarquant les signes infimes que personne n’aperçoit et analysant tout cela d’une manière plus performante, ils sont plus à même de repérer les éléments sous-jacents à une situation ; d’en discerner le bien du mal. De manière générale ils sont donc extrêmement lucides.

L’envers du décor, c’est que les surdoués peuvent paraitre durs. Tout simplement parce qu’ils peuvent être soupçonné de voir le mal partout et refuseront de se taire ou de laisser courir une injustice, malgré les conséquences que cela pourrait avoir sur les personnes concernées et leur entourage. En effet les surdoués sont généralement humainement exigeants. Habitués à discerner les situations injustes ou  pas tout à fait saines, le surdoué aura tendance à exiger qu’une situation se règle et ce d’autant plus qu’il éprouve un besoin de se protéger d’un monde qui ne le comprend pas et qu’il ne comprend pas parfaitement non plus.

Le surdoué, ce grand dépressif ?

Je tiens à commencer ce paragraphe en précisant d’emblée que je n’ai trouvé aucune statistique qui me permette d’affirmer « scientifiquement » que les surdoués sont plus sujets à la dépression que le commun des mortels. Ce qui suit est donc a considérer « au conditionnel » ! Une chose est néanmoins certaine : les surdoués doivent relever des challenge assez particulier parce qu’ils sont en constante adaptation à la société qui les entoure. Ils seraient donc plus sujets à un type particulier de dépression qui est la dépression existentielle. Ce type de dépression intervient quand le sujet atteint est exposé à certains évènements fondamentaux de l’existence : la mort, l’isolement, l’absurdité … Or ce type de considération est généralement abordé au gré d’une réflexion plus profonde que la moyenne qui ,elle, tend à se concentrer sur les aspects les plus superficiels de la vie, ses joies et tristesses.

On l’a déjà vu : les surdoués sont de grands penseurs, et pour eux il n’est pas bien compliqué d’atteindre ces sphères plus hautes de réflexion.

De plus les surdoués étant capable d’imaginer les choses différemment de ce qu’elles sont ; ils développent une certaine forme d’idéalisme envers la société. Le décalage entre le constat de sa réalité l’idéal qu’ils sont capable de produire n’en est que plus flagrant. Et quand ils en parlent autour d’eux, ils se voient opposer au mieux une indifférence un peu surprise, au pire de l’hostilité. A cela ils peuvent opposer la colère, mais celle-ci est vaine car revient à diriger sa colère contre le « destin » et toute la fatalité que porte ce terme en lui.

Impuissants, isolés, seuls à porter le poids de l’imperfection et de la vanité du monde…  la dépression seraient donc plus proche, le surdoué étant moins insouciant..

Adulte surdoué non détecté : faut-il se ruer chez un psychologue pour un test ?

Une question dont la réponse dépend de votre contexte

C’est une question délicate car le fait de savoir peut considérablement déstructurer la vie de l’adulte qui se découvre (ce qui n’est pas très grave car cela ne concerne que lui) mais aussi la vie de toutes les personnes qui gravitent autour de lui… Alors il y a autant de réponse à cette question que de situation individuelle.

On pourrait dire que si tout va bien pour vous, que vous avez l’âme légère et le sourire aux lèvres alors pourquoi passer un test ? Si la question vous hante, que vous vous sentez à une place qui n’est pas la vôtre, que vous n’êtes jamais compris « et que ça commence à bien faire, mais alors vraiment ça me les brises menu menu menu », alors oui il vaudrait mieux vous faire tester afin d’engager un travail sur vous-même.

La douance est génétique : elle se transmet

Si vous avez des doutes sur vous-même pensez aussi à vos enfants : la douance est bien souvent héritée ! Pourquoi penser à ses enfants ? Tout simplement parce qu’il est important de détecter le surdoué dans l’enfance afin de l’aider à s’adapter d’une manière consciente et en respect de ses inestimables talents. En fait il est bien moins important de détecter les adultes surdoués que les enfants, car d’une certaine façon pour ces derniers le « mal n’est pas encore fait » : il est encore possible de les inscrire dans un cursus scolaire plus adapté à leur besoin afin qu’ils affirment tous ces inestimables talents qui n’attendent qu’un environnement adapté pour s’épanouir pleinement.

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